De nouvelles insulines pour faciliter
la vie des diabétiques
(ASP) - Depuis des décennies, l'insuline
est au cœur du traitement des diabétiques,
et a permis d'accroître considérablement
leur espérance de vie. Mais la plupart des gens
ignorent qu'il n'existe pas une seule forme d'insuline:
les chercheurs travaillent en fait depuis longtemps à
en créer une qui reproduise de très près
celle sécrétée naturellement par
notre pancréas. En voici une qu'on peut s'administrer
juste avant un repas.
Le diabète se caractérise
par une mauvaise élimination du sucre dans le sang,
notamment en raison d'un mauvais fonctionnement de notre
pancréas, qui ne produit pas ou très peu
d'une hormone appelée insuline. Un taux de sucre
trop élevé dans le sang -ce qu'on appelle
la glycémie- peut entraîner des complications
comme la cécité ou la crise cardiaque. Produire
une insuline synthétique est donc déjà
un beau défi; en produire une qui soit aussi efficace
que la véritable insuline, en est un autre.
Ainsi, la compagnie pharmaceutique Novo
Nordisk a commercialisé en février une insuline
que les diabétiques s’administrent juste avant
un repas, afin de normaliser leur taux de sucre après
avoir mangé. Il s’agit de l’insuline
aspart vendue sous le nom de NovoRapid. La pharmaceutique
Eli Lilly avait déjà mis en marché,
en 1997, un même type d’insuline dite "à
courte action", appelée lispro (Humalog). Aucune
comparaison quant à leurs efficacités respectives
n’a été faite.
On dit d'elle qu'elle est à courte
action, parce que contrairement à l’insuline
régulière, dite insuline humaine biosynthétique,
qu’on doit s’administrer entre 30 et 45 minutes
avant un repas, l’aspart et la lispro peuvent être
injectées dans les 15 minutes précédant
un repas.
Autre avantage de l’aspart et de la
lispro, elles ont une durée d’action moins
longue que la régulière, ce qui diminue
le risque d’hypoglycémie - baisse de la glycémie,
qui peut être tout aussi dommageable - particulièrement
celles de nuit.
En raison de la technologie utilisée
-technologie recombinante de l'ADN, qui consiste à
substituer un acide aminé au sein de cette hormone
fatidique, les insulines analogues sont plus faciles à
absorber par l'organisme, ont "un début d’action
plus rapide et (entraînent) une diminution significative
de la glycémie après un repas", explique
la pharmacienne Marie Hotte, du Centre hospitalier universitaire
de Québec.
Au début de l’an 2003, la compagnie
Aventis devrait commercialiser une insuline à longue
action pour contrôler la glycémie tout au
long de la journée, en plus de celle injectée
avant un repas: il suffirait de se l'administrer une seule
fois par jour, au coucher, au lieu de deux fois comme
c’est le cas actuellement.
Outre ces expériences de modifications
génétiques, " des essais cliniques
se poursuivent dans le but de commercialiser à
moyen terme de l’insuline administrée par
la voie pulmonaire ", souligne Mme Hotte. On travaille
aussi à mettre au point de l’insuline pris
par la bouche via un pulvérisateur ou enchâssée
dans des polymères résistants aux acides
de l’estomac.
Ces innovations seront les bienvenues, étant
donné la hausse spectaculaire du nombre de diabétiques
au cours des années à venir, particulièrement
chez les Amérindiens.
Eric Whittom
