Les médicaments: 1267% d'augmentation!
(ASP) - Mille deux cent soixante-sept pour
cent d'augmentation. 1267%. Il ne s'agit pas du taux d'inflation
dans une république de banane, mais de l'augmentation,
en 25 ans
du prix des médicaments.
On ne s'étonnera pas, après
avoir lu ce chiffre, de lire le suivant: neuf des plus
grandes compagnies pharmaceutiques au monde ont réalisé
un profit net, après impôt, de 41%, entre
1991 et 2001! Un profit titanesque, que n'importe quel
jeune entrepreneur dynamique lançant sa compagnie
Internet jugerait irréaliste. En comparaison, le
profit net des banques, en 2000, se chiffrait à
16,7%, et celui des entreprises de télécommunications,
à 10,9%.
Et on ne s'étonnera pas non plus
qu'après être arrivés à pareils
chiffres, les auteurs de l'étude, Léo-Paul
Lauzon et Marc Hasbani, de la Chaire d'études socioéconomiques
de l'Université du Québec à Montréal,
recommandent au gouvernement de réglementer le
prix des médicaments.
"Je ne dis pas à bas le profit, je
ne dis pas à bas les pharmaceutiques, je ne dis
pas à bas le capital. Mais je dis qu'il faut être
raisonnable", a déclaré en conférence
de presse Léo-Paul Lauzon. Il suggère un
plafonnement du taux de rendement des compagnies pharmaceutiques,
lequel permettrait de réduire le prix des médicaments
"d'au moins 17%".
Une proposition qu'il se sent d'autant plus
à l'aise de faire que c'est uniquement la quête
de profit des compagnies pharmaceutiques, et non la hausse
du coût de la vie ou de la matière première,
qui explique cette hausse phénoménale de
1267%.
"Ainsi, les médicaments représentaient
8,8 % de l'ensemble des dépenses de santé
en 1975, contre 15,5 % en l'an 2000
Aucune autre
composante des dépenses en matière de santé
n'a connu aussi forte augmentation." Et les nombreuses
fusions des dernières années n'ont fait
qu'accroître le problème, puisqu'elles ont
petit à petit fait disparaître la compétition.
L'étude s'est basée notamment
sur les états financiers des neuf des géants
mondiaux de l'industrie pharmaceutique (Merck, Bristol-Myers,
Squibb, Pfizer, etc.). Le bénéfice net,
en 10 ans, de ces neuf géants, s'élève
à 190 milliards de dollars. Américains.
Autre chiffre intéressant: pendant
ces dix années, ces neuf entreprises ont dépensé
316 milliards$ en marketing et administration
et
113 milliards en recherche et développement.
Avec un rendement de 12 %, une entreprise
double son capital en six ans. "Des taux de rendement
de plus de 40 % pour un bien essentiel sont aberrants,
soutient Léo-Paul Lauzon. Ils ne fabriquent pas
du poil de chameau synthétique ou des capotes,
ils fabriquent des médicaments."
"L'industrie pharmaceutique est engagée
dans une course aveugle aux profits démesurés.
Une baisse du prix de vente des médicaments ne
nuirait en rien à la santé financière
de ces entreprises et améliorerait grandement la
santé de la population en général."