La douce moitié ou le gros bout
du bâton?
(ASP) - Les femmes vivant dans une région
où les lois du divorce leur sont favorables ont
un plus grand pouvoir de négociation dans leur
couple. Et il en est de même là où
elles sont en minorité.
Davantage de pouvoir de négociation,
cela peut vouloir dire que les femmes pourront consacrer
moins d'heures au travail rémunéré
que leurs maris, et obtenir d'eux une plus grande part
des revenus familiaux.
Une vision froidement économique
des relations de couples, mais qui s'inspire, à
la base, d'un modèle élaboré par
nul autre que le Prix Nobel d'économie 1994, John
Forbes Nash, ce mathématicien auquel est consacré
le film Un homme d'exception. Il s'agit du modèle
dit "de jeux coopératifs", qui permet de représenter,
de façon mathématique, les possibilités
de gains quont divers intervenants, compte tenu
de leurs pouvoirs de négociations respectifs.
Or, voilà que trois économistes
ont décidé d'élaborer un tel modèle
afin de percer ce mystère qu'est la règle
de partage au sein des couples. Bernard Fortin et Guy
Lacroix, de lUniversité Laval ainsi que Pierre-André
Chiappori, de lUniversité de Chicago, se
sont appuyés pour cela sur des données provenant
de 1600 ménages américains. Pour établir
à quel point les lois sur le divorce étaient
favorables -ou non- à la femme dans chaque État
étudié, les chercheurs ont établi
une échelle de 1 à 4, ce dernier étant
le plus favorable.
Leurs analyses montrent qu'un gain d'un
point sur cette échelle se traduit par une augmentation
annuelle de 4310$ du montant transféré par
les hommes à leurs conjointes, ainsi que par une
réduction moyenne de 46 heures de travail par an
chez les femmes.
Par ailleurs, une hausse de 1% du nombre
dhommes dans une population donnée de même
âge et de même race, plaçant donc les
femmes en minorité, entraîne une augmentation
de 2163$ par année des transferts des hommes à
leurs conjointes, et une diminution de 18 heures de travail
par année chez les femmes.
Les trois chercheurs expliquent leurs résultats
par le fait quen cas de divorce, les femmes seraient
tout de même favorisées par le partage
des biens et le prélèvement des pensions
alimentaires; et le surnombre dhommes sur le "
marché du mariage " leur permettrait un peu
plus facilement de remplacer les ex-conjoints. Ce modèle
économique pourrait en théorie être
utilisé afin d'évaluer l'impact potentiel
de futures politiques sociales. En autant qu'il ne soulève
pas les hauts cris parmi les groupes féministes
et anti-féministes.
Lisa Nolet