Chris Hadfield prêt à
livrer le Canadarm2
CAP CANAVERAL, Floride
Avec un deuxième "bras canadien"
dans sa soute, la navette Endeavour a été
déplacée à 1,6 km/h vers sa rampe
de lancement, alors que débute le compte à
rebours de la mission STS 100/6A, qui doit en théorie
décoller le 19 avril. L'astronaute Chris Hadfield
deviendra le premier Canadien à effectuer une
sortie dans l'espace, alors qu'il installera le nouveau
Canadarm2 sur la Station spatiale internationale (ISS).
Il s'agit d'un moment
marquant pour l'ISS, mais aussi pour l'Agence spatiale
canadienne dont le nouveau bras robotique constitue
la principale contribution.
La suite de l'assemblage
de la station qu'on appelle désormais Alpha dépend
en effet de l'installation et du bon fonctionnement
du nouveau bras robotique canadien. La 7e (7A) mission
d'assemblage, prévue en juin, ne peut avoir lieu
avant que le télémanipulateur ne soit
opérationnel.
Le télémanipulateur
est un des trois éléments du Système
d'entretien mobile (SEM) que le Canada doit livrer à
la station. Ce système comprend aussi une main
robotique (Manipulateur agile spécialisé)
qui se fixe au télémanipulateur et une
base mobile. Le nouveau bras a déjà pris
le nom de Canadarm2, un nom plus facile d'utilisation
que ceux dont accouchent souvent les technocrates de
l'espace et qu'on doit réduire à de longs
acronymes.
La technologie robotique
canadienne a fait ses preuves depuis plusieurs années
avec ce Canadarm utilisé sur les navettes américaines,
mais on se croise les doigts pour le succès de
ce nouveau bras robotisé, nettement plus robuste
et plus sophistiqué.
Du travail à
Saint-Hubert
Toutes les opérations
liées au Canadarm2 seront contrôlées
depuis une salle du Centre John H. Chapman de l'Agence
spatiale canadienne à Saint-Hubert, sur la Rive-Sud
de Montréal.
L'entraînement
de tous les astronautes qui séjourneront sur
la station Alpha et qui devront utiliser le Canadarm2
se fait déjà également à
Saint-Hubert.
En échange de
son bras robotique de 1,4 milliard $, le Canada reçoit
le droit d'utiliser 2,3 % des ressources de laboratoire
dans les sections non russes de la station. Cela assure
aux chercheurs canadiens un accès à ce
laboratoire unique où ne règne qu'une
microgravité.
De plus, le Canada
pourra envoyer un de ses astronautes tous les trois
ans pour un séjour sur la station allant jusqu'à
quatre mois. Chris Hadfield est déjà sur
la liste d'attente et il n'est pas exclu que Julie Payette
puisse y séjourner.
Une tâche
difficile
Nul doute que Chris
Hadfield aura des papillons dans l'estomac lorsque,
vêtu de son scaphandre blanc, on ouvrira l'écoutille
qui lui permettra d'accéder au vide de l'espace.
On a beau s'entraîner
dans une piscine de Houston, rien ne peut vous préparer
totalement à une telle expérience, reconnaissent
la plupart des astronautes qui ont effectué une
sortie extravéhiculaire (EVA).
Au moins deux sorties
sont prévues pour le colonel Chris Hadfield
un ancien pilote de F-18 qui s'est déjà
mesuré aux Migs soviétiques pour
compléter le travail d'installation du télémanipulateur.
Même si le Canadarm2
réduira le nombre de sorties pour les astronautes,
on estime que l'assemblage de la station nécessitera
au total près de 1920 heures de travail dans
l'espace (160 sorties), soit le double du temps accumulé
dans l'espace par les astronautes depuis les débuts
de la NASA.
La station spatiale
internationale qui tourne en orbite à 400 km
d'altitude doit être complétée en
2006. Et l'arrivée du Canadarm2 sonne le début
de gros travaux d'assemblage des cinq prochaines années,
alors que navettes et fusées russes voleront
presque tous les mois.
Après l'arrivée
récente en orbite du laboratoire américain
Destiny, on attend maintenant le laboratoire européen
Rafaello, le premier de trois modules jumeaux construits
par l'Italie.
Les trois modules européens
sont déjà dans un atelier du Centre spatial
Kennedy et peuvent être admirés (à
travers une vitre) par les visiteurs.