Contribution canadienne au royaume
d'Odin
(ASP) - Après
plusieurs années de recherches et de préparation,
un satellite suédois a été mis sur
orbite en février, avec à son bord un instrument
de lAgence spatiale canadienne, mais aussi les fruits
dune collaboration entre le Canada, la Finlande
et la France.
Neuf groupes de recherche et institutions
scientifiques canadiens participent activement, entre
autres, au suivi des équipements de bord et à
lanalyse des données qui seront transmises
par ce satellite, baptisé Odin, au cours des deux
prochaines années. Pendant cette période,
Odin aura deux tâches, aux antipodes lune
de lautre : létude de lappauvrissement
de la couche dozone et la recherche deau et
doxygène dans lespace lointain.
Odin, lancé le 20 février
depuis Svobodny, en Russie orientale, transporte notamment
à son bord OSIRIS (Optical Spectrograph and InfraRed
Imaging System), une création de lAgence
spatiale canadienne (ASC): cest cet appareil qui
analysera la couche dozone dans les hautes latitudes,
donc au-dessus du Canada. Il sagit dun
spectrographe optique travaillant dans linfrarouge :
il mesurera la lumière dispersée et la radiation
naturelle de latmosphère afin de déterminer
la concentration de polluants destructeurs de la couche
dozone, ce qui peut nous en dire plus long sur les
responsables de cette pollution.
Le principal instigateur dOSIRIS,
un professeur en physique de lingénierie
de lUniversité de Saskatchewan, Ted Llewellyn,
croit que cette mission permettra au Canada de demeurer
à lavant-plan des recherches spatiales et
atmosphériques. M. Llewellyn dirige léquipe
canadienne des sciences atmosphériques et il prévoit
obtenir les premières données pour fins
danalyses dès le mois de mai.
Mais le projet Odin ne sintéresse
pas quà notre petite planète :
en fait, il a été mis de lavant par
la Suède dès 1988, dabord dans le
but de chercher de leau et des molécules
doxygène dans des nuages interstellaires
extrêmement lointains, tout comme dans les couches
de latmosphère de planètes comme Jupiter
ou Saturne.
Les coûts de lancement et de lopération
dun satellite étant très élevés,
les Suédois ont approché le gouvernement
canadien en 1994 pour en partager les frais et en faire
une mission à objectif double. Le projet est donc
administré de façon à ce que les
chercheurs des deux disciplines, astronomie et aéronomie,
reçoivent une part égale.
Linstrument principal sur Odin
est un radiomètre à très haute résolution
qui emploie un télescope de 1,1 mètre et
qui sera utilisé pour les missions dastronomie
et daéronomie. Il a été conçu
pour fonctionner essentiellement dans des bandes de fréquences
inexplorées (486-580 GHz et à 119 GHz),
soit environ 1000 fois plus élevées que
les fréquences utilisées en télévision
commerciale. Une analyse qui saccomplit mieux dans
lespace que sur Terre, où latmosphère
terrestre bloque la plupart des radiations en provenance
du cosmos.
Pour Sun Kwok, de lUniversité
de Calgary, qui dirige léquipe dastronomes
canadiens de cette mission, "Odin représente
non seulement la première étape du Canada
dans lexploration de lunivers des hautes fréquences
radio, mais il est à lavant-garde de la technologie
de modulation radio haute fréquence dans lespace".
LASC a aussi fourni un refroidisseur
cryogénique qui sert à maintenir le radiomètre
à une température de moins 175°C,
lui permettant ainsi denregistrer les signaux émis
par des étoiles lointaines. Lorsquil ne sera
pas tourné vers les étoiles, cet instrument
travaillera de concert avec OSIRIS et il fournira des
données complémentaires pour la recherche
sur lozone.
Jusquà présent, tous
les instruments qui ont été testés
fonctionnent très bien. Le satellite est opéré
par une station terrestre de télécommunication
située au Centre spatial Esrange, près de
Kiruna, dans le Nord de la Suède.