Le non-dit autour du libre-échange:
la surconsommation
Une analyse de Brigitte Blais
Devrons-nous réduire notre consommation
individuelle en tant que Nord-Américain pour laisser
la chance aux plus pauvres datteindre une qualité
de vie minimum? Y a-t-il assez darbres, de pétrole,
de métaux et dénergie pour que tous
les Américains de lhémisphère
puissent consommer et gaspiller autant que nous ?
Selon le rapport " Planète
vivante 2000 " publié lautomne
dernier par le Fond mondial pour la nature (WWF), " le
déclin de quelque 33% de létat des
écosystèmes naturels de la Terre observé
au cours des 30 dernières années va de pair
avec laccroissement denviron 50% de la pression
écologique exercée par lhumanité
sur la planète durant la même période,
une pression QUI DÉPASSE MAINTENANT LE RYTHME
DE RÉGÉNÉRATION DE LA BIOSPHÈRE ".
Cela signifie que nous consommons trop de matières
premières, sujet maltraité voire absent
de lALENA et probablement de la ZLÉA puisquil
sagit dune chasse gardée des pays.
Bien quil soit tout à fait
légitime et logique de vouloir augmenter la richesse
dun pays, ne serait-il pas sage dapporter
des nuances à ce à quoi devrait ressembler
cette "prospérité" dont parlent
nos politiciens ? Devrait-il y avoir une multiplication
des magasins à un dollar et de leurs marchandises
éphémères, ou devrions-nous libéraliser
les marchés pour les transferts de technologies
et de connaissances durables (les infrastructure de traitement
des eaux et les autobus électriques par exemple)
?
Les pauvres ont-ils besoin de gadgets...
ou deau potable ? Ont-ils besoin de voitures ou
de transports en commun, de vélos et dair
pur? Seraient-ils plus heureux et en santé sur
une terre à cultiver des légumes ou dans
des bidonvilles sans moyen de se nourrir ? Car ne loublions
pas, de nombreux paysans se retrouvent en ville après
avoir été obligés de vendre leur
terre à une multinationale, parce quils nétaient
plus capables de faire compétition aux bas prix
des marchés étrangers. La Banque mondiale
prévoit dailleurs quen 2030, 61% de
la population humaine vivra en milieu urbain. Lexode
rural vient en partie de la forte compétition des
marchés.
" Il est utopique de croire que
nous devons cesser de produire. Pour sortir les gens de
la pauvreté, il faut créer de l'emploi.
On ne peut pas mettre une croix sur le néo-libéralisme "
croit lancien premier ministre québécois
Pierre-Marc Johnson, tout en étant conscient des
inégalités entre les gens du terrain et
les investisseurs. Miser sur le développement durable
semble la solution la plus équilibrée. Pourrions-nous
répartir les terres à un plus grand nombre
de propriétaires aussi?
" Les écosystèmes
sont comme le corps humain. Un malaise déstabilise
le bon fonctionnement du reste du corps. Lorsque le mal
est un cancer, il est difficile à combattre. Nous
ne devons pas attendre que la Terre ait un cancer irréversible
car les écosystèmes sont drôlement
plus compliqués que le fonctionnement du corps
humain " exprimait avec inquiétude Clifford
Lincoln, invité dhonneur du congrès
Américana, le mois dernier.
Faut-il remettre en question notre surconsommation?