Une souris québécoise
modèle pour le sida
(ASP) - Une souris transgénique pour
étudier le VIH. C'est ce qu'ont créé
des chercheurs de lUniversité de Montréal
(U de M) et de lInstitut de recherches cliniques
de Montréal (IRCM): cette bestiole doit plus précisément
leur permettre d'étudier la candidose, une
maladie très fréquente chez les personnes
infectées par le virus de limmunodéficience
humaine (VIH).
Le Dr Louis de Repentigny (U de M) explique
quune souris, à laquelle on inocule le champignon
(Candida albicans) qui cause cette candidose, réussit
normalement à sen débarrasser en une
semaine. En revanche, "le modèle que nous
avons développé en collaboration avec le
Dr Paul Jolicoeur (IRCM), va demeurer porteur du Candida
pendant deux à trois mois, pour finalement mourir
dune maladie apparentée au sida. Cette persistance
de linfection en fait un modèle très
représentatif de ce quon observe chez lhumain".
Habituellement, lhomme cohabite sans
problème avec Candida albicans. Grâce
à ce modèle, les chercheurs québécois
ont donc commencé à expliquer le mécanisme
par lequel ce champignon développe sa virulence.
Les travaux menés sur la souris transgénique
montrent en effet que lorsquil y a une déficience
du système immunitaire -caractéristique
même du sida- deux phénomènes se combinent
pour mener à la candidose. Dabord, et cette
réaction était bien connue, il y a une diminution
des CD4, des cellules essentielles à la destruction
des organismes pathogènes.
Mais les chercheurs québécois
ont aussi remarqué un autre problème. Pour
obtenir une bonne réponse du système immunitaire,
il faut que les antigènes spécifiques à
ce pathogène lui soient "présentés"
par une catégorie particulière de cellules,
dites CMH (complexe majeur dhistocompatibilité)
de type II. Or, dans le modèle transgénique,
ces cellules CMH de type II présentent peu de cet
antigène. Le système immunitaire, déjà
affaibli par le VIH, nest donc plus en mesure de
mater l'infection.
La souris modèle a aussi permis dobserver
que lorsque le champignon induit une infection, certains
gènes du Candida sont activés. " Lorsque
nous aurons identifié avec précision ces
gènes, nous serons en mesure de créer des
champignons mutants chez lesquels ces gènes ne
pourront plus être activés", indique le Dr
de Repentigny. Si la virulence du champignon a bel et
bien été affectée, "ne restera plus
quà développer des médicaments
qui inhiberont spécifiquement les enzymes ou autres
protéines produites par ces gènes".
Des étapes faciles à décrire
sur papier mais qui demanderont la précieuse collaboration
de nombreuses autres souris.
Suzanne Champoux