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Le 30 avril 2002




Niocan: une bataille d'experts

(ASP) - Radioactivité, effets dévastateurs sur la qualité de l'eau: le sort de la mine Niocan, à Oka, repose entre les mains d’experts en sciences.

Depuis le 11 décembre, les audiences du Tribunal administratif du Québec, chargé d’entendre la contestation du dézonage de 9,4 hectares de terrain agricole à Oka, pour le développement d'une mine, ont été dominées par la volonté des opposants de démontrer que les études environnementales réalisées par la firme Roche et soumises par la compagnie Niocan, ont négligé des aspects essentiels.

Cette contestation a fini par avoir un impact, puisque le ministre de l'Environnement et de l'Eau, André Boisclair, a ordonné le 8 avril la tenue d'une enquête sur les effets potentiels de la radioactivité dans la région et plus particulièrement sur les nappes d’eau souterraine et les eaux de surface. Le ministre a confié ce mandat au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) qui devra rendre un rapport le 30 août.

Une analyse fouillée de l'étude d'impact environnementale des promoteurs de la mine Niocan, avait dès le départ soulevé une vive inquiétude. L'auteur de cette analyse, le Dr Gordon Edwards, président de la Coalition canadienne pour une responsabilité face au nucléaire, y affirmait que l'étude d'impact était bourrée de lacunes, notamment dans l’analyse des questions reliées à la radioactivité.

La contestation du dézonage de ce terrain du rang Sainte-Sophie est menée par la Fédération de l'UPA Laurentides-Outaouais et le Conseil de bande de Kanesatake. Ces deux groupes comptent également sur l’opposition d’un groupe de résidants d’Oka, connu sous l’appellation du Comité de citoyens d’Oka.

Ceux qui ont assisté à ces audiences ont eu droit à des cours accélérés en science. Ainsi, la séance du 7 février, qui devait être consacrée au contre-interrogatoire du Dr Edwards, s’est plutôt transformée en une présentation détaillée des risques de la radioactivité et des dernières technologies pour en évaluer le rayonnement. Selon lui, le site choisi par Niocan contiendrait une concentration de radioactivité trois fois plus élevée que celle de l'ancienne mine Saint-Laurence Columbium et mériterait donc une analyse plus poussée. Or, l'étude environnementale n'aborde que superficiellement la question: elle ne mentionnerait que six métaux dérivés du radium alors qu'il en existe 36, dont du polonium, un métal extrêmement dangereux et persistant dans l'environnement.

"Il n'y a pas d'analyse des problèmes reliées à la radioactivité. Je crois que c'est par manque d'expertise plus que par volonté de cacher des informations. D'autres erreurs de présentation de métaux dans l'étude démontrent que les experts ne sont pas familiers avec cette question du radium et de ses dérivés. Mais ce sont des données absolument indispensables pour obtenir une vue complète des risques environnementaux", a soutenu M.Edwards.

Impacts sur l'eau

Les contestataires se sont également penchés sur la qualité de l'eau. L'exploitation de la mine affecterait la nappe d'eau souterraine dans un rayon de trois kilomètres selon trois experts consultés par le Conseil de bande de Kanesatake. L'étude environnementale des promoteurs, elle, parle plutôt d'un impact dans un rayon de 1,5 km. Si les experts ont raison, ce sont 155 propriétés d'Oka et de Saint-Joseph-du-Lac (455 hectares en vergers et 236 hectares de production maraîchère et fruitière) qui risqueraient de connaître des problèmes d'approvisionnement en eau à court et moyen terme.

Les géologues Paul Boissonneault et Jean Demers ainsi que l’agronome Daniel Labbé, s'inquiètent également de la concentration supérieure de certains métaux, en rapport avec les normes établies pour l'alimentation du bétail, pour l'irrigation des sols et pour l'eau potable. Ces métaux sont l'uranium, le nickel, le plomb, le radon et le manganèse retrouvés dans deux des quatre puits d'observation situés en bordure est de la mine projetée. " À la lumière de ces résultats, il est permis de conclure que la qualité de l'eau est impropre pour un usage agro-industriel en raison de la présence excessive d'uranium et de nickel", soutiennent-ils.

Piqué au vif et inquiet de l’impact négatif de la publication d’articles sur la question au début janvier 2002, le promoteur du projet Niocan, Richard Faucher, accuse ses opposants de désinformation. " Les trous que nous creuserons pour extraire le minerai seront à nouveau remplis par les résidus mélangés à du ciment. L’uranium qui serait ainsi remonté à la surface retournera dans le sol. Il n’y a pas de risques. Une fois ces trous remplis, c’est évident que l’impact sur l’eau sera moins étendu ".

M. Faucher ajoute que les experts embauchés par le Conseil de bande de Kanesatake soutiennent le contraire uniquement pour satisfaire aux attentes de leur client. " Leur seul objectif est d’inclure les terres autochtones dans le périmètre affecté."

Selon lui, les inquiétudes soulevées par le Dr Edwards ne tiennent pas non plus la route. " Le Dr Edwards est un mathématicien qui ne connaît rien à la minéralogie. Même si nous brisons le roc qui contient de l’uranium, ce dernier restera pris dans les grains de pyrochlore et il ne va pas être dégagé."

L'insistance de Me Louis Sylvestre, avocat du Conseil de bande mohawk, à déposer un à un des documents appuyant les détails sur la radioactivité présentés par le Dr Edwards, avait irrité les procureurs de Niocan et du gouvernement du Québec. Un chassé-croisé d’accusations de magouillage, d’inéquité et de copinage politique s’en est suivi. Me Louis Cormier, le président du Tribunal administratif, a alors exigé le dépôt de tous les documents du Dr Edwards et a imposé le report de son contre-interrogatoire. Cette stratégie de Me Sylvestre a forcé le Tribunal administratif à ajouter 18 jours supplémentaires aux audiences, et par conséquent, à les prolonger jusqu’à la fin juin.

Mais la décision du ministre de l'Environnement de confier une enquête au BAPE -décision bien accueillie par les opposants à Niocan- complique encore les choses. Pour le Conseil de bande de Kanesatake, il n'est plus utile de poursuivre les travaux du Tribunal administratif, tant que le BAPE n'aura pas déposé son rapport, le 30 août, tandis que Niocan tient mordicus à la poursuite des audiences. " Nos opposants ont eu tout le temps de colporter des erreurs et Niocan ne pourrait pas répliquer. Voyons donc, ça n’a pas de sens ", a mentionné avec ardeur Richard Faucher, de Niocan. Pour l'instant, les audiences du Tribunal administratif se poursuivent.

Denise Proulx

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