Un lac vivant, l'autre mourant
(ASP) - C'est une bonne et une mauvaise
nouvelle. La bonne: le lac Saint-Charles, près
de Québec, n'est pas aussi mal en point qu'on le
craignait. La mauvaise: le lac Saint-Augustin, non loin
de là, est aussi mal en point qu'on le craignait!
Des chercheurs du Centre d'études
nordiques, à l'Université Laval, se sont
penchés sur l'histoire de ces deux lacs à
travers leurs diatomées, ou algues microscopiques.
Ce sont des organismes à une seule cellule, dont
la coque de silice laisse une trace fossile caractéristique.
En étudiant l'évolution de leur population
au cours des 150 dernières années, les biologistes
en arrivent donc à étudier l'évolution
des conditions physiques et chimiques qui prévalaient
dans ces lacs.
Or, ce qui se dégage de cette histoire,
c'est que l'événement le plus dramatique
pour le lac Saint-Charles remonte à 1934: cette
année-là, le barrage destiné à
stabiliser l'apport en eau potable de la ville de Québec
fait grimper de près de 2 mètres le niveau
du lac, inondant les berges. Evénement dramatique
au niveau physico-chimique, mais
on est loin du processus de dégradation causé
par les activités humaines que l'on supposait
être à l'uvre: "nos données,
explique au Fil des événements Reinhard
Pienitz, démontrent qu'il n'y a pas eu d'accélération
du processus d'eutrophisation (accumulation des débris
organiques) engendrée par les activités
humaines depuis 50 ans".
Les résultats sont parus l'automne
dernier dans la Revue des sciences de l'eau.
Par contre, rien ne va plus du côté
du lac Saint-Augustin. Cette fois, on peut établir
une corrélation très nette entre certaines
activités humaines (déforestation et utilisation
accrue d'engrais dans cette banlieue de Québec
qui était encore, jusqu'à tout récemment,
exclusivement agricole) et la prolifération de
certaines espèces de diatomées. On parle
ici, en termes biologiques, d'un processus de "vieillissement
accéléré" du lac, qui peut amener,
si rien n'est fait pour l'empêcher, à une
mort du lac par étouffement: trop de matières
organiques mortes accumulées, et plus aucun apport
en oxygène.