Le mois du Parkinson
(ASP) - Il est en train de passer complètement
inaperçu et pourtant, le mois d'avril est celui
de la maladie de Parkinson. Et parmi les travaux menés
au Québec là-dessus, il en est quelques-uns
rassemblés à l'Université du Québec
à Trois-Rivières, autour du Laboratoire
de neurobiologie cellulaire du département de chimie-biologie.
La maladie de Parkinson appartient, comme
l'Alzheimer, à la catégorie des maladies
dites neurodégénératives -parce qu'elle
a pour origine une dégénérescence
des fonctions du cerveau. Or, ce laboratoire trifluvien
a permis récemment de pointer un traitement possible:
l'utilisation à titre préventif de phytoestrogènes
des molécules produites par certaines plantes
pourrait ralentir l'évolution de la maladie.
Cela fait 10 ans que Maria-Grazia Martinoli
travaille sur les causes du Parkinson, et tout particulièrement
sur un des facteurs qui contribuent au développement
de la maladie: un facteur appelé, en langage savant,
le stress oxydatif du métabolisme quotidien.
En termes simples, c'est banalement l'effet qu'a l'oxygène
sur nous: il nous fait rouiller. Nos cellules, de même
que les molécules qui les composent, tout cela
subit l'effet de l'oxydation, inévitable quand
on respire de l'oxygène: c'est un processus inhérent
au vieillissement.
Sauf qu'il y a des lieux et des circonstances
où les effets de l'oxydation se font plus néfastes
qu'ailleurs, et ceux qui souffrent du Parkinson et d'autres
maladies neurodégénératives en sont
les victimes: on ne sait trop pourquoi cela se passe ainsi
chez eux et pas chez les autres, mais le "stress oxydatif"
attaque davantage leurs neurones. Avec les résultats
qu'on constate.
L'hypothèse de Mme Martinoli et de
ses étudiants au doctorat, c'est donc que les phytoestrogènes
pourraient non pas éliminer les effets de l'oxydation
-on ne rêve pas en couleurs- mais à tout
le moins en contrecarrer les effets les plus négatifs:
bref, aider les neurones à survivre.
Jusqu'ici toutefois, les expériences
se sont limitées à des groupes de neurones
qui évoluent en éprouvette et dont on observe
la croissance, avec ou sans phytoestrogènes. Les
premiers résultats, en 2002, furent encourageants
pour un des huit types de phytoestrogènes expérimentés,
le resveratrol un composé que l'on retrouve
dans la peau des raisins rouges.
Depuis le début de l'année,
l'équipe est passée à l'étape
des expériences sur des souris et des rats. "Nous
allons pouvoir vérifier, explique Mme Martinoli,
si une diète riche en phytoestrogène de
type quercitine ou resveratrol peut ralentir le processus
de destruction cellulaire. Nous allons également
pouvoir recueillir beaucoup d'informations, comme la réaction
du système digestif après l'ingestion de
cette diète."
Il y en a encore pour un nombre indéterminé
d'années de travail