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Le 30 avril 2003



Science vs. racisme

(ASP) - Il y a deux siècles, le naturaliste français Bory de Saint-Vincent divisait l'humanité en 15 races. Son collègue anglais John Crawfurd en calculait plutôt 60. Un siècle plus tard, la mesure méticuleuse des crânes tentait de se constituer en discipline autonome: plusieurs savants étaient convaincus de l'existence d'une corrélation entre la largeur de la tête, l'intelligence, et les races humaines. Les scientifiques nazis n'ont guère fait mieux, en affirmant que les caractéristiques physiques et le sang prouvaient la supériorité de la race aryenne.

La science a longtemps servi à justifier le racisme. Ne pourrait-elle pas aujourd'hui servir à le combattre? La question en heurte plus d'un, pour qui la science devrait être toute rigueur et objectivité. Mais c'est oublier un peu vite qu'encore aujourd'hui, il se trouve des scientifiques dont le travail contribue à renforcer des thèses racistes: de l'ouvrage américain The Bell Curve (1994) qui prétendait démontrer l'existence d'aptitudes mentales supérieures chez les "Blancs" jusqu'aux créationnistes "scientifiques".

La Semaine d'actions contre le racisme, qui avait lieu du 14 au 23 mars en divers lieux du Québec, était placée sous le signe de l'autruche: étant entendu que si vous ne voyez pas de racisme autour de vous, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas. Or, cela vaut aussi pour la science, selon les organisateurs de cette semaine, qui avaient prévu trois jours de réflexions sur "La responsabilité sociale des sciences".

"Il s'agit, explique Alix Laurent, directeur de Images interculturelles, du devoir citoyen de contester les faussetés avancées au nom de la science, dans la mesure où ces faussetés trouvent un accueil favorable chez une partie de la population." Images interculturelles était l'un des co-organisateurs de ce colloque, en compagnie du Programme de recherche sur le racisme et la discrimination de l'Université de Montréal.

La notion de race est née au XVIIe siècle du besoin de catégoriser, a rappelé le sociologue Pierre Joseph Ulysse, de l'Université d'Ottawa: l'émergence de la science moderne amenait une classification des fleurs, des animaux, des roches… et bien vite, des humains. Ce besoin n'a pas disparu: les études médicales ont bel et bien besoin d'études statistiques pour apprendre que tel groupe est davantage porteur d'un gène de susceptibilité à telle maladie.

Ce qui place une discipline comme la démographie devant un dilemme, explique Patrick Simon, de l'Institut national d'études démographiques de Paris: il y a toute la différence du monde entre conclure d'une colonne de chiffres que "les Noirs américains sont plus nombreux que les Blancs à mourir du sida" et conclure de la même colonne de chiffres que "les Noirs américains constituent un groupe à risque". Deux conclusions, l'une beaucoup moins rigoureuse et objective que l'autre...

La participation de la démographie à la construction du racisme fut assez lourde, raconte-t-il: les nazis et les promoteurs de l'apartheid se sont appuyés sur elle pour obtenir des indices de croissance des groupes "indésirables", des démographes se sont mis au service de politiques eugénistes pour rédiger des normes… Tout comme les racistes se sont appuyés, et très lourdement, sur le droit, puisque pour qu'un tel système se solidifie, il faut que des lois interviennent, explique Gwenaële Calves, professeur de droit public à l'Institut d'études politiques de Paris. Écoles interdites aux gens de couleur, discrimination organisée: rien n'aurait été possible sans un appui solide de juristes et de chercheurs.

Depuis, autant la démographie que le droit ont évolué, et sont devenus des disciplines capables de mettre en évidence les conséquences néfastes du racisme: dans l'accès inégal à l'emploi, aux prêts bancaires, etc. Là émerge leur nouveau rôle social. Reste à voir jusqu'où ces disciplines sont prêtes à s'engager.

La Semaine d'actions contre le racisme en était à sa 4e édition. A Montréal, en plus du colloque, avaient lieu de nombreuses activités culturelles, dont les Rencontres cinématographiques (huit films de six pays), une agora de graffiteurs et de musiciens au métro McGill, une soirée musicale au Medley et la publication d'un recueil de textes d'enfants (Noir, Blanc ou poil de carotte, aux éditions Les 400 coups).

 

Pascal Lapointe

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