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Le 1er avril 2004



 

Intersexe chez les poissons

(ASP) - Féminisation des mâles, bouts d'ovaires dans les testicules et autres malformations... Ces mutations constatées chez les menés à queue noire du Saint-Laurent proviennent de fortes concentrations de substances oestrogènes dans l'eau du fleuve.

Le problème affecte jusqu'à un tiers des poissons, souligne même Daniel Cyr, de l'Institut Armand-Frappier, qui vient de signer, avec d'autres, un article dans la revue Toxicological Sciences.

Cela fait dix ans que Daniel Cyr s'intéresse à l'impact des déversements contaminés sur la faune du Saint-Laurent. Il s'était auparavant attaché à la plie canadienne, un poisson plat qui vit dans les sédiments. "Les produits chimiques s'allient aux molécules organiques, c'est pour cette raison que l'on observe une forte concentration dans les sédiments. Ils présentent une structure pouvant bloquer –ou agir comme– un oestrogène, avec de fortes répercussions sur les organes reproductifs." On parle de composés plastiques, de polluants (DDT, organochlorés, etc.) et même de pilules contraceptives.

Diverses études menées à Londres, en Floride et même au Canada, poussent alors des scientifiques de l'Institut Armand-Frappier à entreprendre un programme de recherche sur la libération d'oestrogènes dans le fleuve. Après avoir sondé les eaux de huit sites, de la rivière des Outaouais à Contrecoeur en passant par les abords de Montréal, il appert que les nombreux contaminants déversés dans le fleuve ont effectivement des effets dramatiques.

"Cela attaque directement le système de reproduction des mâles. La production de spermatozoïdes et leur mobilité va diminuer", annonce Daniel Cyr. Lorsqu'on sait que sa durée de vie est de 30 secondes, la mobilité d'un spermatozoïde est primordiale...

Autre constatation: le taux de vitellogénine, une protéine produite dans le foie des poissons femelles, s'avère très élevé... chez les mâles. Le gène est présent chez les deux sexes, mais ne s'exprime qu'en présence d'oestrogène –ou d'un produit qui remplit cette fonction.


Des risques de bio-accumulation

Une étude de la FAPAQ constate aussi une chute de la population de menés dans le fleuve. Plus sensibles aux produits contaminés, ces poissons sont un maillon important de la chaîne alimentaire. Ils font également l'objet de pêche sportive. "Certaines personnes en mangent jusqu'à trois fois par semaine, ce qui représente 18 kg par année. Comment savoir si cela n'est pas dommageable à la santé reproductive de ces consommateurs ?" s'inquiète le toxicologue.

Son équipe a nourri des rats femelles –des mères– pendant la lactation afin de voir si cette alimentation affecterait le système reproductif des petits. Sur les jeunes rats, il y a peu de conséquences. Mais les problèmes surviennent à l'âge adulte. "Exposés aux oestrogènes, ils développent les mêmes problèmes que les poissons. La spermatogenèse est affectée", explique Daniel Cyr. Pour appréhender l'étendue du problème, le chercheur a mis en place deux programmes d'études. L'un se penche sur la baisse de diversité du chevalier cuivré, espèce menacée qui n'existe qu'au Québec.

Malheureusement, le chercheur apprenait la semaine dernière la disparition de son principal programme de financement, celui du Réseau de recherche des centres de toxicologie d'Environnement Canada. "Notre budget est déjà tout petit, 36 000$ par année, mais c'était notre seule source de financement depuis le retrait d'un autre programme fédéral, il y a deux ans (Initiative canadienne des substances toxiques). L'industrie finance peu ce domaine de recherche et si le gouvernement se retire, c'est une façon de délaisser cette problématique environnementale". À compter d'avril, les répercussions seront directes : les associés de recherche passent de 5 à 4 jours par semaine, le nombre de programmes et d'étudiants diminue.

 

 

Isabelle Burgun

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