Sommet mondial de l'écotourisme
Pour voyager vert
(ASP) - L'écotourisme sauvera-t-il
la planète? Bien qu'il noccupe que de 2 à
4% de lindustrie touristique mondiale, ses promoteurs
le voient comme la forme de tourisme qui deviendra la
norme dici une quinzaine dannées: un
tourisme moins commercial, et plus respectueux de l'environnement,
dans un contexte où la disparition des frontières
font du voyage une industrie en pleine expansion.
Le tourisme est en effet devenu, selon lOrganisation
mondiale du tourisme (OMT), lindustrie la plus importante
au monde, devant les industries automobile et chimique.
Cette croissance économique ne se fait par contre
pas sans heurts. Le déferlement de visiteurs sur
des sites enchanteurs mais fragiles, a inévitablement
des impacts sur la nature et sur la population locale.
Or, pour lindustrie touristique, la notion de durabilité
-comme dans développement durable, notion bien
connue dans le secteur environnemental- qui prône
un "développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre les possibilités
pour les générations à venir de satisfaire
les leurs", est une notion nouvelle, voire même
appréhendée.
Lannée internationale de lécotourisme,
décrétée par le programme environnement
et développement des Nations-Unies (PNUE),
amène à Québec cette semaine plus
de 1200 délégués de 133 pays, dans
le cadre du Sommet mondial de lécotourisme.
Le Sommet se veut avant-gardiste dune part, parce
quil met sur la table des idées telles que
normes de qualité et respect des sites naturels,
mais aussi parce que les représentants des 133
pays proviennent non seulement du secteur privé,
mais aussi des gouvernements, des organismes non-gouvernementaux,
des institutions denseignement et des groupes communautaires.
Point commun: la protection de lenvironnement et
la participation des communautés locales à
la gestion des projets écotouristiques. Ambition
clairement affichée par certains: le rejet du tourisme
de masse "à tendance colonialiste".
Reste à définir ce qui relève
de l'écotourisme et ce qui lui échappe.
Les délégations ont notamment exprimé
dès le premier jour le souhait dun étiquetage
"écotouristique".
Une définition temporaire avec des principes forts
On sentend par exemple pour dire que
les projets écotouristiques relèvent soit
de laventure (plein air), soit de la visite (jardins
botaniques), et que lattrait principal de lécotourisme
est la nature. Mais une fois ce décor planté,
il faut aller plus loin: le projet doit contribuer à
la conservation de la biodiversité; il a pour objectif
de sortir la population locale de la pauvreté;
à ce titre, il encourage la participation locale,
lentrepreneurship et la propriété
par la population rurale; il conscientise et met à
contribution les touristes et lindustrie touristique
à travers des actions responsables; il est offert
à de petits groupes, par de petites entreprises,
plutôt que des multinationales du voyage; il demande
le moins de consommation possible de ressources non-renouvelables.
Mais au-delà des beaux principes,
tout le monde est conscient que la faisabilité
de tels projets ne se fera pas sans volonté politique.
Et dans certains pays, même les lois ne sont pas
mises en application. D'où l'intérêt
d'une norme internationale, suggèrent les congressistes.
Un tourisme durable au Québec ?
Bien que les gouvernements adoptent les
uns après les autres des politiques de développement
durable, ce concept na pas encore modifié
la façon de faire dans le secteur touristique.
Par exemple, le gouvernement québécois vante
sa politique de lutte contre les gaz à effets de
serre, mais du même coup permet loctroi de
subventions à des événements touristiques
très polluants tels le Raid Harricana (motoneiges),
le Challenge automobile sur glace Michelin Canada ou les
Régates de Valleyfield
Bref, il y a encore
du chemin à faire
Brigitte Blais