Sommet mondial de l'écotourisme
Tourisme équitable: rester petit, vert... et rentable
(ASP) - Tout le monde a entendu parler du
café équitable: ce café produit par
des coopératives de paysans dans les pays en développement,
livré au consommateur sans ces gros intermédiaires
comme Nestlé dans le décor. Le concept d'équitabilité
se transpose maintenant dans le tourisme.
C'est que là où on parle de
tourisme durable (comme dans développement
durable: voir autre texte), il devient pratiquement
inévitable de parler de tourisme équitable:
une volonté de permettre aux communautés
locales de réinvestir leurs profits dans des dispensaires,
des écoles et dautres projets axés
sur leur propre développement.
À l'autre extrémité
de la chaîne, le tourisme équitable sadresse
aussi directement au touriste: il souhaite le rendre davantage
conscient de ses choix en matière de voyages, forfaits
ou gîtes. Le choix entre le Club Med peu soucieux
de l'environnement et la chambre chez l'habitant.
Ceci dit, au-delà de ces beaux principes,
le tourisme équitable est-il économiquement
viable? Dans les pays en voie de développement,
où des croisières entrent en compétition
avec des chaloupes locales, où le marketing est
hors de prix, où les gouvernements et organismes
internationaux noffrent aucun support aux micro-projets
touristiques, la réponse reste ambiguë.
Au cours dun des forum du Sommet mondial
de lécotourisme qui avait lieu cette semaine
à Québec, quelques exemples de projets réussis
ont été décrits. Dans la partie américaine
des Iles Vierges par exemple, Stannely Selengut du Maho
Bay Camps and Resorts, a graduellement construit, pendant
20 ans, un site écotouristique tout à fait
rentable.
"Ce qui est bon pour lenvironnement fait économiser
de largent. Il est donc facile dêtre
rentable", dit-il.
Après avoir acquis un site qui dépérissait
le long de la mer, il a aménagé des trottoirs
de bois permettant aux touristes de sintroduire
dans la nature sans la piétiner, et y a intégré
un chalet pouvant accueillir près de 20 personnes.
Il a planté des arbres. Il a réintroduit
des espèces animales prédatrices dans le
but de diminuer dautres espèces envahissantes.
Son refuge est alimenté à lélectricité
éolienne et solaire. Même le four et la machine
à glace sont solaires ! Lentreprise composte
les eaux usées et les résidus de table,
puis collecte leau de pluie. Des touristes samusent
à transformer les déchets de verre et daluminium
en oeuvres dart
qui sont vendues directement
aux autres touristes! Le dépanneur et le restaurant
sont gérés par des gens de la communauté,
lesquels offrent aux touristes le plus de produits locaux
possible. Enfin, ils offrent des ateliers dinterprétation
de la nature, ce qui attire, le jour, une autre clientèle:
les écoles.
Ce qui caractérise tous ces projets
privés toutefois, c'est un retour sur linvestissement
relativement long (près de cinq ans). En fin de
compte, bien que ces entreprises soient "privées",
elles ressemblent beaucoup à des organismes à
but non lucratif puisque leurs profits sont constamment
réinvestis dans la communauté.
Brigitte Blais