Sommet mondial de l'écotourisme
Sauver la chèvre et le chou
(ASP) - L'écotourisme est bien curieusement
parti. Certains de ses membres, qui font la promotion
d'un tourisme qui serait plus respectueux de l'environnement,
ne voient aucune contradiction à inclure là-dedans
la motoneige!
Les motoneiges émettent de 500 à
1000 fois plus de monoxyde de carbone que les voitures,
selon une étude de Lori M. Snook Fussell, chercheuse
indépendante et professeure adjointe au Collège
Central du Wyoming. Doit-on inclure ce sport motorisé
dans la sphère écotouristique, simplement
parce qu'il permet un accès à la nature?
Au Québec, près de 115 000
personnes font partie des clubs motoneigistes, sans compter
les quelque 31 000 touristes qui viennent vivre l'aventure
nordique du Québec à motoneige chaque année.
C'est sans doute ce qui explique que l'organisme Aventure-Écotourisme
Québec, dont certains des membres sont des clubs
motoneigistes, ait laissé entendre, lors d'échanges
informels au Sommet sur l'écotourisme, que le Québec
étant le berceau de ce véhicule polluant,
il semble impossible de l'interdire. Même le ministre
de l'environnement, André Boisclair, lors de son
allocution, a inclus les 33 500 km de pistes de motoneiges
du Québec "hors parcs" comme faisant
partie de notre capital touristique.
Roger Wheelock, vice-président de
la Commission canadienne du tourisme, affirme lui aussi
que son organisme est flexible quant à linclusion
de la motoneige dans la notion décotourisme.
"Cest acceptable dans des régions éloignées
ou lorsquon doit se rendre dans des régions
inaccessibles par la route pour pratiquer une activité.
Mais par contre, faire de la motoneige dans les régions
périurbaines, ou dans le seul but de faire du kilométrage,
alors là on nappelle plus ça de lécotourisme".
Aucune étude québécoise
n'analyse la part de gaz à effet de serre émise
par les motoneiges, motomarines, motocross et autres moteurs
à deux temps. Aucune n'étudie non plus l'impact
de ces véhicules sur la faune, la flore, l'eau,
le sol et l'air, ce qui entre en contradiction avec les
politiques de lutte contre les gaz à effet de serre
et de développement durable du Québec. En
contrepartie, il existe des études américaines
qui démontrent les méfaits des motoneiges
non seulement sur l'environnement, mais aussi sur la santé
de ceux qui pratiquent ce sport.
Même l'Association québécoise
de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
ne rejette pas du revers de la main la motoneige, puisqu'elle
développe un plan d'action qui visera à
sensibiliser les motoneigistes. "L'achat de motoneiges
avec moteurs à 4 temps, plutôt qu'à
2 temps, permettra d'augmenter la combustion de l'essence
de 50% " affirme André Belisle, président
de l'AQLPA . Ces motoneiges sont offertes par Bombardier
entre autres depuis l'hiver 2002.