Globalisation: la santé n'y
échappe pas
(ASP) - Petit test : comment se transmet
la malaria ? Plusieurs Occidentaux sauront que c'est par
un moustique, même si, chez nous, la maladie a disparu
depuis longtemps. Posez la même question à
un habitant de l'Afrique sub-saharienne -région
la plus touchée- et il vous répondra peut-être
que c'est à cause du soleil. L'ignorance et la
pauvreté sont inextricablement liés. C'est
pourquoi, pour enrayer la progression des endémies
dans les pays en voie de développement, il faut
commencer par éduquer les populations locales.
Traditionnellement, la prévention
de la malaria tourne autour des deux acteurs: soit on
essaie de tuer le moustique, soit on protège l'homme
(moustiquaires traitées aux insecticides). Mais
ces programmes ont démontré leurs limites
: la résistance des moustiques aux insecticides
s'accroît, tout comme la résistance du parasite
aux antibiotiques. Le coût des méthodes de
contrôle pousse à voir le problème
différemment et, à ce titre, la malaria
ne constitue qu'un exemple. D'autres problèmes
de santé publique (maladies résultant de
la pollution, virus du Nil, dengue
) pourraient bénéficier
d'une façon plus globale de voir les programmes
de luttes contre les maladies.
C'est qu'en plus du moustique et du malade,
il y a d'autres acteurs en présence: les familles,
l'école, l'économie, la politique, l'environnement.
Tous ces acteurs forment, avec le moustique vecteur de
la malaria et sa victime, un large système d'interactions.
"C'est en analysant toutes ces interactions que des solutions
à long terme peuvent être envisagées",
souligne Clifford Mutero, un chercheur travaillant sur
la malaria au Kenya. Voilà pourquoi les équipes
de recherche partageant cette vision globale de la santé
sont, aujourd'hui, extrêmement métissées:
médecins, anthropologues, épidémiologistes,
vétérinaires et biologistes doivent se serrer
les coudes afin de mettre au point des programmes de prévention
efficaces.
Ce travail multidisciplinaire représente-t-il
l'avenir de la lutte contre les maladies? Réunis
à l'UQAM du 18 au 23 mai, dans le cadre d'un "Forum
international sur les approches écosystèmes
et santé humaine",150 chercheurs d'une trentaine
de pays, des décideurs et des représentants
de la société civile venus de différents
continents, ont échangé leurs expériences
et présenté les résultats d'études
menées dans cette optique appelée écosystémique.
"C'est le premier événement
de cette ampleur et c'est la première fois que
des équipes du Nord et du Sud se rencontrent pour
discuter de leurs travaux", souligne Renaud De Plaen,
administrateur de programme principal au CRDI (Centre
de recherche en développement international) et
co-organisateur du forum. "Les objectifs du forum sont
avant tout de faire le point des résultats, de
définir les défis des interventions communautaires
et de développer une vision commune, précise-t-il.
"Nous espérons évidemment qu'il débouche
sur des prises de décisions, mais ce n'est pas
le but premier".
Mélina Darcam