Les clowns à l'hôpital:
c'est du sérieux!
(ASP) - Bien qu'on ne connaisse personne
qui soit mort de rire, en revanche beaucoup sont peut-être
morts de ne pas avoir assez ri! Surtout si, comme on le
prétend, le rire a plusieurs propriétés
thérapeutiques. C'est pourquoi, depuis près
de 20 ans, la présence des clowns thérapeutiques
est de plus en plus appréciée dans des hôpitaux
du monde entier. Le plus célèbre étant
le Dr Patch Adams, immortalisé au cinéma
par Robin Williams.
Après six mois d'observation à
l'Hôpital pour enfants de Montréal et au
Centre de réadaptation de l'hôpital Sainte-Justine
de Montréal, Florence Vinit, chercheure au département
de sociologie à l'Université du Québec
à Montréal, tire la conclusion suivante:
"laudace du clown est une invitation faite
au patient à reprendre un sentiment de pouvoir
sur son propre corps et sur sa relation avec autrui".
Sur le plan physiologique, le rire permet d'activer la
circulation sanguine, de sécréter des endorphines,
d'augmenter certains globules blancs et de stimuler le
diaphragme les organes digestifs. Mais plus encore, le
rire redonnerait confiance en soi et stimulerait la communication.
À preuve, la démarcation entre les chambres
sefface et les enfants sinstallent plus facilement
dans celle de leur voisin pour poursuivre la relation
avec le clown thérapeutique.
Lappellation de "clown thérapeutique"
ne fait pas du clown un thérapeute au vrai sens
du terme, c'est-à-dire un spécialiste employant
une technique visant à soigner lindividu.
Lexpression désigne plutôt les éléments
bénéfiques découlant de linteraction
de lartiste avec lenfant, précise Florence
Vinit.
Mais cet effet thérapeutique na
rien de mystérieux, ajoute-t-elle. Les endorphines
mentionnées plus haut sont des hormones responsables
de la diminution de la douleur, et les catécholamines
favorisent la réduction des réactions inflammatoires.
En stimulant de manière générale
les systèmes cardio-vasculaire et nerveux, explique
la chercheure, le rire a la capacité de détourner
lattention de ce qui nous stresse et provoque des
tensions musculaires. Ainsi, le rire devient à
lui seul un facteur justifiant la présence des
clowns", explique la chercheure.
Le clown apporte une forme de chaos dans
lespace hospitalier. Par son habillement et par
sa manière dinvestir le lieu sur un mode
plus bruyant que le silence habituellement requis, le
clown bouscule les règles, ose déranger
et provoquer. L'ambiance ainsi créée inciterait
le patient à reprendre le pouvoir sur son propre
corps, à le réinvestir comme lieu de plaisir
et de rêve.
Il y a présentement un Dr Clown de
garde deux jours par semaine à l'Hôpital
des enfants de Montréal ainsi qu'au Centre de réadaptation
Marie-Enfant de l'Hôpital Sainte-Justine. Du côté
des adultes et les personnes âgées, Dr Clown
uvre au CHSLD Paul-Lizotte à Montréal-Nord.
Geneviève Bougie