Mondialisation et citoyenneté:
David contre Goliath
(ASP) - Il n'y a pas que l'économie
qui se mondialise: les organisations politiques aussi.
Depuis une vingtaine d'années, l'idéologie
néolibérale qui souffle sur l'Occident prône
un modèle d'administration publique calqué
sur celui de l'entreprise privée à
l'opposé de l'État-providence où
le citoyen fait figure de client. Des chercheurs s'interrogent
sur l'impact qu'auront ces mutations sur la démocratie
telle que nous la connaissons.
Plusieurs pays occidentaux procèdent
actuellement à des réformes institutionnelles
et ce n'est pas qu'un simple ménage, observe François
L'Italien, jeune chercheur à l'Université
Laval. Une des principales caractéristiques de
ces réformes est d'abolir tout irritant commercial
et de déréglementer complètement
les économies nationales, au nom dune intégration
accrue des marchés financiers.
Le chercheur précise que ce nouveau
mode de gestion publique (New Public Management,
NPM) tend à assouplir les opérations et
à décentraliser les décisions de
l'État. Par exemple, les budgets seront octroyés
selon la performance de certains ministères; certaines
tâches seront confiées à des entreprises
privées qui les effectueront à moindre coût.
"Les administrations publiques et les services quelles
dispensaient vont devoir, "comme tout le monde",
souscrire à une politique de lefficacité
et de la concurrence". Les États se trouvent
de plus en plus dépossédés des compétences
politiques qui leur sont propres, concluait-il lors du
colloque "Mondialisation, citoyenneté et démocratie",
dans le cadre du dernier congrès de l'ACFAS à
Rimouski..
Le remède de l'économie sociale
De son côté, Peter Graefe,
politologue à l'Université McMaster, explore
les deux tendances des projets d'économie sociale.
D'une part, celui défendu par les progressistes
cherche à redéfinir la frontière
entre l'État et le secteur communautaire au profit
de ce dernier sans toutefois remettre en cause le maintien
d'importants services étatiques. D'autre part,
le projet d'économie sociale néolibérale
s'avère plus variable. Au Québec, il met
nettement plus l'accent sur l'entrepreneur qu'en Europe.
Mais tous deux ont en commun de vouloir
dépasser un État-providence lourd et bureaucratisé.
Et dans les deux cas, il y a une volonté de "démocratisation"
qui tracerait une nouvelle frontière entre l'État
et le secteur communautaire. Reste à savoir où
passerait cette frontière
Et aucun des deux
projets ne garantit vraiment un terme aux inégalités
sociales, conclut le chercheur.
Geneviève Bougie