Physique à la cathédrale
(ASP) - CHICOUTIMI - Ce nest pas tous
les jours quune église se transforme en laboratoire
de physique. Et encore moins quelle est le lieu
dune première mondiale! Sonia Lamontagne,
étudiante en enseignement de la physique à
lUniversité du Québec à Chicoutimi
sest adonnée à lune des plus
vieilles expériences de la physique : le pendule
de Foucault. Et pourtant, elle a utilisé une méthode
des plus modernes : lanalyse dimages.
En 1841, une jeun physicien français,
Jean-Bernard-Léon Foucault, démontra expérimentalement
que la Terre tournait sur elle-même. Cette fois,
pour prouver cette "théorie", Sonia Lamontagne
a choisi non pas le Panthéon de Paris -qui expose
toujours un gigantesque pendule de Foucault- mais la cathédrale
de Chicoutimi. La hauteur considérable des plafonds
et la tranquillité sont nécessaires au bon
déroulement de lexpérience. Labbé
Raymond Tremblay, curé de la cathédrale,
sy est prêté de bonne grâce,
dautant plus que Jean-Paul II, en 1992, a accordé
son pardon à tous les scientifiques à qui
lÉglise avait porté préjudice...
Cette expérience repose sur un principe
que les scientifiques appellent la fixité dans
lespace. Si vous donnez un mouvement régulier
à un très long pendule, vous pouvez constater
qu'au bout dun certain temps, sa position par rapport
au sol varie, bien que son oscillation demeure la même.
Cest tout simplement la preuve que la Terre tourne
bel et bien sur elle-même! Cette expérience
est bien connue des physiciens, mais personne navait
mesuré précisément le phénomène.
Sonia Lamontagne, sous la direction du physicien René
Verreault de lUQAC, a utilisé une caméra
numérique reliée à un système
informatique, pour suivre le mouvement du pendule. Une
rose des vents fixée au sol, munie de repères
réfléchissants -et de nombreuses heures
de patience!- ont permis de mesurer la variation de position
du pendule.
Pour la jeune physicienne, lexpérience
du pendule de Foucault constitue, même aujourd'hui,
une activité pédagogique importante pour
les scientifiques en herbe. "Si jamais un de mes
futurs élèves me demande comment faire pour
prouver que la terre tourne, je saurai comment lui répondre!"
Cette petite fête de la physique,
célébrée à la cathédrale
de Chicoutimi, était toutefois teintée de
déception. En effet, on venait dannoncer,
quelques jours plus tôt, la fermeture du baccalauréat
en physique de lUQAC. Faute dinscriptions,
le programme fermera ses livres en 2003 après 30
années.
Emmanuelle
Bergeron