Maudit gazon
(ASP) - Le gouvernement du Québec
a annoncé mercredi son intention dinterdire
lutilisation de pesticides sur les terrains publics
puis, à plus long terme, privés. Mais cela
nempêchera pas les mauvaises herbes de pousser...
et les gens de vouloir sen débarrasser. Il
faudra donc trouver des solutions de rechange.
C'est ce qu'a reconnu le ministre de lEnvironnement,
André Boisclair, décidé à
ne pas obliger ses électeurs à faire leur
deuil des pelouses impeccables. Il a par contre été
avare de précisions sur ce que pourraient être
ces solutions de rechange. "Le gouvernement du Québec
simplique, dans la mesure de ses moyens, dans la
recherche et le développement de nouvelles méthodes
de remplacement de substances pesticides jugées
dangereuses", déclare Mme Weber, chef du service
des pesticides à la direction des politiques du
secteur agricole. "Lannonce de mercredi avait
pour objectif dinitier une prise de conscience de
la part des utilisateurs. Dans lavenir, le gouvernement
compte bien simpliquer dans la promotion et laide
à linnovation."
Outre lapplication de meilleures méthodes
culturales, le réensemencement par exemple, des
recherches très avancées proposent de remplacer
les pesticides chimiques par des produits biologiques
non dangereux. Ainsi, Alan Watson, chercheur au département
de phytologie de lUniversité McGill, est
un pionnier en la matière. Il travaille depuis
pas moins de 15 ans à la mise au point dun
pesticide biologique qui sattaque de façon
sélective à toutes les formes de plantes
à feuilles larges -comme le pissenlit!- sans altérer
les espèces graminées (le gazon).
Son pesticide est un champignon commun de
la laitue (Sclerotinia minor) qui, absorbé par
une plante telle que le pissenlit, endommage ses tissus
et provoque sa destruction en quelques jours. M. Watson
et son équipe ont même développé
une méthode de production à grande échelle
de ce bio-herbicide : des grains dorge à
lintérieur desquels le champignon se développe
en quelques jours.
Contrairement à ce quaffirme
les opposants à l'abolition des pesticides chimiques,
il existe donc des solutions de remplacement. "Certains
herbicides biologiques sont même déjà
utilisés en grande quantité dans les orangeraies
en Floride" précise M. Watson. Le processus
dhomologation du champignon de M. Watson est en
phase finale. "Tous les tests defficacité
sont faits, il ne reste plus que quelques analyses de
routine" affirme Sophie Saint-Louis, professionnelle
de recherche à lUniversité McGill.
"Nous aurions aimé quil soit prêt
maintenant, mais cela peut prendre encore un peu de temps
avant que ce nouveau pesticide ne soit disponible commercialement"
conclut-elle.
Les problèmes de santé publique
posés par lusage excessif, de produits chimiques
dangereux dans notre environnement immédiat ne
datent pas dhier. Depuis que la municipalité
dHudson a interdit lépandage de ces
substances sur les pelouses de son territoire, de nombreuses
villes lui ont emboîté le pas. En mars dernier,
le rapport Cousineau commandé par le ministre de
lEnvironnement, concluait au réel besoin
dinterdire l'usage domestique des pesticides, au
risque de voir nos gazons perdre de leur superbe.