Des érables à sucre
en éprouvette
(ASP) - Produire des plants dérable
à sucre en laboratoire? Pour la première
fois, une équipe de chercheurs dAgriculture
et Agroalimentaire Canada et de lUniversité
Laval a réussi toutes les étapes de la reproduction
artificielle de cet arbre qui, jusqu'ici, avait donné
bien du fil à retordre.
La culture in vitro ou multiplication artificielle
permet, en laboratoire, de reproduire des végétaux
à partir de cellules non sexuelles, prélevées
au niveau des bourgeons, des tiges ou des racines. Il
sagit dune technique très utilisée
et très répandue. Mais pas avec lérable
à sucre, pour qui les résultats nont
jamais été très convaincants. " Cette
espèce se reproduit très bien à létat
naturel et noffre pas une grande capacité
à se multiplier artificiellement", explique
Jacques-André Rioux, chercheur responsable à
lUniversité Laval. Qui est donc d'autant
plus fier d'annoncer cette réussite.
Les expériences ont été
menées à la station expérimentale
de Saint-Jean sur Richelieu, à lété
2000. En premier lieu, Nicole Brassard et Claude Richer,
dAgriculture et Agroalimentaire Canada, ont recueilli
plus de 500 bourgeons sur de jeunes semis dérable
à sucre. Ensuite, elles ont prélevé
des cellules sur chacun des bourgeons, et les ont disposées
sur des milieux de culture, enrichis en vitamines et en
sels minéraux, dans des tubes de plastique.
À cette première étape,
qu'on appelle linduction comparable à
une phase de réveil les cellules activées
acquièrent la capacité de se multiplier.
Cette multiplication se fait dans des boîtes où
les cellules se divisent pour donner naissance à
de petites tiges. Par la suite, chacune des tiges a été
repiquée afin de favoriser son allongement et lapparition
des premières feuilles. Enfin, la dernière
étape a consisté à créer les
conditions idéales pour stimuler lapparition
et le développement des racines. Pour accroître
la multiplication des cellules et augmenter le taux de
survie des tiges, les chercheurs ont testé, à
chacune des étapes, plusieurs régulateurs
de croissance et différents types de sucres,
comme le saccharose ou le glucose.
Pour mener à terme ces expériences,
les chercheurs ont bénéficié du fonds
Verglas 1998 créé par Agriculture et Agroalimentaire
Canada. Pourquoi un fonds de ce nom? Parce qu'à
la suite de la désastreuse tempête de verglas
d'il y a cinq ans, de nombreuses érablières
ont été endommagées. " Cest
en prévision déventuels
reboisements que nous avons proposé un projet sur
lérable à sucre et nous sommes par
ailleurs les seuls au Canada à travailler sur ce
sujet ", commente Jacques-André Rioux.
Cette recherche offre aussi du même
coup une alternative pour contrer le dépérissement
naturel ou accidentel des érablières. Par
ailleurs, grâce à la méthode qu'ils
ont mise au point, les chercheurs espèrent produire
en grande quantité des plants dérable
à sucre de qualités supérieures.
Violaine Margueret