Parlez... la machine fera le reste!
(ASP) - " Pour être mis en
relation avec la personne que vous désirez joindre,
prononcez son nom maintenant... Pour être
mis en relation avec la personne que vous désirez
joindre, prononcez son nom maintenant... Nous sommes désolés,
nous ne pouvons donner suite à votre appel. Veuillez
rappeler ultérieurement. Merci".
Qui ne s'est jamais senti impuissant, au
bout du fil, en proie à une machine qui ne semble
pas vouloir entendre ce qu'on lui dit ?
Cette expérience désagréable
pourrait se faire de plus en plus rare. Une équipe
menée par Pierre Dumouchel, professeur à
l'Ecole de technologie supérieure et vice-président
à la recherche et au développement au Centre
de recherche en informatique de Montréal, a en
effet mis au point un nouveau système de reconnaissance
vocale, plus performant que ceux déjà sur
le marché. L'innovation réside dans la rapidité
du programme: 25 fois supérieure aux autres.
"L'avantage de notre programme est
qu'il élimine les redondances dans le système
de reconnaissance des mots." Considérons, par exemple,
des mots ayant en commun un même préfixe,
tels que télécommunication, téléportation
et télévision. Les systèmes classiques
vont chercher autant de fois le préfixe télé
qu'il y a de mots utilisant ce préfixe. Avec l'approche
montréalaise, on le recherche une seule fois, et
puis on passe au reste du mot. On fait de même avec
les suffixes, déclare en substance M. Dumouchel.
Ce gain de temps offre de nouvelles possibilités.
Il permet d'intégrer des dictionnaires de langue
plus complexes qui peuvent contenir un vocabulaire illimité
en anglais, en français standard et en québécois.
Il autorise également une plus grande liberté
pour traiter les liaisons entre les mots et les différences
de prononciation.
Les applications ne se limiteront pas seulement
aux opérateurs virtuels des téléphones
automatisés. Selon M. Dumouchel, on peut espérer
développer un sous-titrage de films et d'émissions
de télévision en temps réel, une
conversion simultanée de débats en textes
et une prise de notes automatique efficace pour les malentendants.
Trois établissements dans le monde
possèdent actuellement l'expertise nécessaire
pour développer des dispositifs automatisés
aussi rapides: la compagnie ATT, le MIT (Massachusetts
Institute of Technology) et l'équipe québécoise.
Cette dernière s'est d'ores et dèjà
lancée un nouveau défi, celui de la transcription
de la ponctuation lorsque le débit du locuteur
est interrompu. Elle espère obtenir un jour une
machine qui soit complètement à notre écoute.
Anne-Camille
Bouillié