Construire un prototype sur l'écran
(ASP) - Combien faudra-t-il réaliser
de "brouillons" avant de concevoir l'automobile
de vos rêves ? De moins en moins, à en croire
les différents intervenants de la "vitrine
technologique sur le prototypage virtuel" qui s'est tenue
à la mi-août à Montréal.
Organisé par le CERCA (Centre de
recherche en calcul appliqué), cet événement,
le premier du genre au Québec, a réuni une
centaine de participants. Des chercheurs, des étudiants
et des industriels québécois ainsi que des
invités américains et australiens ont pu
échanger sur le prototypage virtuel (ou design
par simulation). "L'objectif de ces journées
est double: démontrer le potentiel, le futur et
la maturité de ces technologies et présenter
les enjeux économiques et les défis techniques
qu'elles représentent pour l'industrie québécoise",
déclarait Jean-Yves Trépanier, professeur
au département de génie mécanique
de l'Ecole polytechnique de Montréal, à
l'ouverture de la réunion.
Mais en quoi consistent au juste ces nouvelles
technologies? Le prototypage virtuel, c'est l'utilisation
de l'ordinateur dans la conception de produits. Au lieu
de créer de véritables prototypes, on réalise
des simulations informatiques en trois dimensions, explique,
en substance, Jean-Yves Trépanier. Les avantages
sont nombreux: c'est plus rapide, on peut répéter
les simulations autant de fois qu'on le désire,
identifier des problèmes très tôt
dans le processus de conception, obtenir des informations
plus fines et diminuer les coûts de production.
Ce dernier point est cependant à relativiser car
les coûts associés aux logiciels et à
la formation des personnes restent encore très
élevés. De plus, même si les prototypes
virtuels permettent de réduire très considérablement
le nombre de prototypes physiques, ils sont encore loin
de les avoir complétement remplacés.
Les industries aéronautique et automobile
ont d'ores et déjà intégré
ces nouvelles techniques dans le cycle de développement
de leurs produits. Des avions virtuels évoluant
dans des souffleries numériques suppléent,
par exemple, aux modèles réduits testés
dans des souffleries réelles. Mais cette révolution
touche bien d'autres secteurs. "On recherche des
ingénieurs au fait du prototypage virtuel pour
étudier le design des balles et bâtons de
golf, des marteaux ou des laveuses", affirme M. Trépanier.
Le marché est en pleine évolution.
Les logiciels commerciaux de prototypage se multiplient.
Les grandes entreprises québécoises les
utilisent déjà mais les PME affichent un
retard important. Ces dernières restent prudentes
et hésitent à investir dans la formation
d'ingénieurs qui, une fois qualifiés, sont
souvent tentés de rejoindre des plus grosses structures.
Le bilan établi par M. Trépanier sur la
vitrine technologique est à l'image de ce constat.
"Ces deux jours se sont bien passés. Les échos
sont bons. Nous avons eu une bonne représentation
de l'industrie aérospatiale québécoise
en particulier mais une représentation trop faible
des PME. Il faudra cibler davantage ce public pour une
prochaine vitrine". L'expérience devrait donc
être répétée l'année
prochaine.
Anne-Camille
Bouillié