Le risque des nouveaux antibiotiques
(ASP) - Une nouvelle génération
dantibiotiques, actuellement en phase de développement,
pourrait mettre en péril notre système naturel
de défense contre les infections. Cest le
cri dalarme qu'a lancé le biologiste Graham
Bell, de lUniversité McGill, dans un article
publié plus tôt cet été dans
le journal spécialisé Microbiology.
Mauvaise nouvelle, puisque ces nouveaux
antibiotiques sont très attendus partout dans le
monde, à l'heure où des bactéries
deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques
traditionnels. Résultat de plus dune dizaine
dannées de travail, ces nouveaux antibiotiques
fonctionnent différemment, en sattaquant
au point faible de la membrane cellulaire des bactéries.
Le problème, écrivent Graham
Bell et Pierre-Henri Gouyon de lUniversité
de Paris-Sud, est que les modèles mathématiques
et les recherches expérimentales récentes
indiquent que les bactéries vont évoluer
pour protéger leurs barrières cellulaires
de ces attaques. Or, si tel est le cas, il est probable
que les protéines de notre système immunitaire
soient elles aussi incapables de traverser ces membranes
super-résistantes. Autrement dit, les défenses
naturelles des humains vont se trouver totalement impuissantes
face à ces nouvelles super-bactéries. Un
peu comme si toute la population se retrouvait avec un
système immunitaire déficient, comme dans
le cas des sidéens
Dans l'article intitulé Arming
the Enemy: the Evolution of Resistance to Self-proteins,
Graham Bell souligne que "certains de ces nouveaux
antibiotiques sont déjà en phase dêtre
approuvés". En entrevue, il précise que,
depuis la parution de cet article, le cri dalarme
semble avoir porté fruit: "les chercheurs et les
compagnies pharmaceutiques ont pris mes arguments en considération".
"Le développement de ces nouveaux
antibiotiques devrait faire lobjet dun moratoire,
jusquà ce que lon comprenne bien la
réponse évolutive possible des bactéries."
Graham Bell rappelle en outre que "les conséquences
évolutives de nouveaux traitements impliquant la
santé de populations entières, présentes
et futures, devraient être considérées
comme une procédure standard dans la recherche".