XIIe Congrès forestier mondial
Le potentiel méconnu des forêts secondaires
(ASP) - Les forêts appelées
secondaires sont perçues, à tort, comme
des terres de qualité inférieure impropres
à lagriculture et à la régénération.
Il en ressort qu'elles reçoivent peu d'aide des
organisations internationales et des scientifiques, alors
que les communautés qui vivent à proximité
pourraient grandement profiter de cette ressource.
Que sont vraiment ces forêts secondaires?
Il existe autant de définitions que de réalités
d'un continent à l'autre. Ce sont entre autres
les forêts qui subsistent après le passage
des bulldozers. Des ateliers régionaux tenus depuis
1997 à Pucallpa au Pérou, Samarinda en Indonésie
et Nairobi au Kenya, ont néanmoins permis dévaluer
leur état, leur importance pour les communautés
et les perspectives davenir.
Car ces forêts sont en croissance
importante. Des experts de diverses organisations internationales
souhaitent que le Congrès forestier mondial, actuellement
en cours à Québec, leur accorde toute son
attention, afin que les communautés qui en vivent
puissent recevoir laide technique et financière
nécessaire à leur conservation et leur mise
en valeur.
" Ces forêts font vivre
de milliers de petits fermiers. Elles leur procurent des
services vitaux comme la régulation les nappes
aquifères. Ces forêts sont sources de revenus
indispensables, " a rappelé Mirjam Kuzee,
responsable du département de la forêt à
lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation
et lagriculture, connue sous le sigle anglais FAO.
" Les paysans ont besoin daide
pour identifier les stratégies daménagement
et de production ainsi que de mise en marché des
produits quils en tirent", constate Cesar Sabogal,
du Centre de recherche internationale en foresterie (CIFOR).
" Il faut définir des critères
pour quun équilibre sinstalle entre
leur conservation, leur régénération
et leur mise en valeur à travers la production
agricole, " complète Eva Muller, de lOrganisation
internationale des bois tropicaux (ITTO). Sans une analyse
éclairée du potentiel de ces forêts,
tant par les paysans, les organisations non-gouvernementales
que les institutions, Mme Muller estime que ces forêts
sont souvent transformées en plantation intensive
aux mains des multinationales, ce qui contribue à
la dégradation du milieu originel. " Comment
alors penser retourner les terres aux paysans pour combattre
leur pauvreté? "
Par exemple, au Kenya, il a été
démontré quune gestion durable des
forêts secondaires rapporte six fois plus de revenus
aux paysans que la culture du tabac ou du maïs. " Il
est clair dans lesprit des paysans que la plantation
darbres fruitiers fait partie de la mise en valeur
dune forêt secondaire," soutient Martine
Ngobo du Cameroun.
Des membres de la FAO, du CIFOR, de lIUCN
et de lITTO entendent soumettre un plan daction
en six points sur le développement des forêts
secondaires aux participants du XIIe Congrès forestier
mondial pour quil soit inclus dans les priorités
des six prochaines années.