XIIe Congrès forestier mondial
Des forêts contre la faim et le sida
(ASP) - Les forêts ne servent pas
uniquement de source de revenus. Elles peuvent aussi jouer
un rôle de premier plan pour combattre la faim et
les épidémies, en procurant aux paysans
une nourriture de base qui les fortifie.
" Un changement dattitude
doit se produire, autant de la part des communautés
qui y vivent que de ceux qui lexploitent. Ils doivent
reconnaître les bénéfices environnementaux
et sociaux des forêts, pas uniquement la valeur
marchande des espèces ligneuses" a plaidé
Lucy Emerton de lUnion internationale de la conservation
de la nature (IUCN), lors du XIIe Congrès forestier
mondial qui avait lieu récemment à Québec.
À son avis, les décideurs politiques et
économiques possèdent une approche trop
étroite des retombées économiques
de lexploitation forestière.
Au Gabon, lexploitation des ressources
biologiques non-ligneuses, telle que la cueillette dherbes
médicinales et de fruits par des centaines de petits
producteurs, procure des revenus annuels de 21 millions
(M) de dollars aux communautés rurales et de 26M
$ aux revendeurs urbains.
Au Cameroun, où de 50 à 70%
de la population vit en zones rurales, la prise en charge
des forêts secondaires fait partie de la stratégie
nationale de lutte contre le sida. " La foresterie
aide les pauvres des campagnes à trouver un emploi
et des revenus qui leur permettent de mieux se nourrir.
En mangeant mieux, les paysans possèdent un système
immunitaire plus résistant et ils sont mieux outillés
pour ralentir la propagation des maladies. Pour nous,
cest une question de sécurité alimentaire
et de contrôle de la menace du VIH/sida, a souligné
E. Kengni.
M. Kengni affirme que la culture darbres
fruitiers (diverses variétés de mangues
et de prunes) et légumiers indigènes, qui
possèdent une valeur commerciale sur les marchés
locaux, sest avérée essentielle pour
endiguer la croissance exponentielle des coûts de
la santé. Des études sur certaines espèces
végétales non-ligneuses ont démontré
leur grande valeur en vitamines, minéraux et énergie.." Notre
défi est de développer des moyens pour stocker
et transformer ces denrées indigènes. Le
manque de connaissances dans ce domaine génère
des pertes de 50% des récoltes, en comparaison
de la transformation du cacao ou de la margarine. Nous
devons réorienter nos priorités ".
Payer pour conserver les forêts
Ailleurs, comme en Espagne, des paysans
reçoivent des subventions pour préserver
les pâturages de bovins établis dans des
forêts de chênes. En Angleterre, les autorités
ont compris quun aménagement des bassins
versants préservait la qualité de lapprovisionnement
en eau potable des principales villes. Dans lÉtat
du Yucatan au Mexique, des organisations non-gouvernementales
(ONG) travaillent depuis 18 ans avec des coopératives
locales à la conservation des dernières
forêts, dont la superficie a décru de 55%
au profit dune agriculture intensive. Ces ONG cherchent
des fonds publics et privés pour verser 2,2 millions
$ à des petits agriculteurs qui accepteraient,
en échange, de préserver 20,000 hectares
de forêt.
" Nous estimons quil en
coûte à peine 56$ pour conserver un hectare
de forêt indigène tandis que sa restauration
exige 1000$/hectare, " déplore Jorge
Torres Pérez.