L'homme est-il généreux
de nature?
(ASP) - Cela contredit l'image traditionnellement
associée à l'être humain "violent
de nature", mais une mâchoire vieille de 200 000
ans ne laisse aucun doute au paléontologue Serge
Lebel: déjà, à cette époque,
l'humain avait dépassé l'animal, et était
capable d'aider un congénère blessé
et affaibli.
La mâchoire en question, ou plus exactement
la mandibule, doublée de deux dents, a appartenu
à un ancêtre de l'homme de Néandertal
qui avait vécu dans les Gorges de la Nesque, dans
le Vaucluse, au Sud-Est de la France. Et la raison pour
laquelle cette mâchoire est devenue si intéressante,
c'est une grave blessure.
Une blessure qui a fortement handicapé
l'homme en question, ont diagnostiqué neuf chercheurs
internationaux, dont Serge Lebel, du département
des sciences de la terre de l'Université du Québec
à Montréal. Leur recherche vient de paraître
dans les Proceedings
of the National Academy of Sciences. Et le handicap
qu'ils ont diagnostiqué était de taille:
l'individu se serait cassé les dents et aurait
abîmé sa mâchoire "lors d'un violent
traumatisme". Il en a nécessairement résulté
une grave infection qui, ajoutée à la perte
des dents, a dû rendre cette personne incapable
de mastiquer sa nourriture pendant un bon bout de temps.
Et pourtant, l'homme a survécu, puisque
la blessure, à sa mort, était cicatrisée.
Il a donc fallu qu'au moins un de ses proches
lui vienne en aide, peut-être en lui mastiquant
lui-même sa viande. Chez les grands singes, un tel
individu aurait été abandonné à
son sort. Preuve, concluent nos neuf chercheurs, que chez
les humains d'il y a 200 000 ans, un comportement "altruiste"
était déjà présent.
Bref, il y a encore de l'espoir pour l'humanité...