Si c'est juin, ce sera une grand-mère
(ASP) - Donne-moi ta date de naissance,
et je te dirai si tu auras des petits-enfants. Une étude
statistique des Saguenéennes nées au XIXe
siècle en arrive en effet à cette conclusion
insolite: celles qui sont nées en juin et septembre
ont eu davantage de petits-enfants que celles qui sont
nées en juillet et octobre. La période allant
de novembre à mars est également plus favorable
à une descendance nombreuse.
À première vue, l'alimentation
est en cause, expliquent la biologiste Virpi Lummaa, de
l'Université Cambridge (Massachusetts) et Marc
Tremblay, du département des sciences humaines
à l'Université du Québec à
Chicoutimi: on sait depuis longtemps que des bébés
dont les mères ont été sous-alimentées
pendant leur grossesse, ou qui ont eu des problèmes
de croissance dans leur première année,
ont davantage de chances de souffrir de problèmes
cardiaques à l'âge adulte. Une fois devenus
eux-mêmes parents, ces personnes auront moins d'enfants,
donc moins de petits-enfants. Or, une naissance à
la fin de l'automne ou au cours de l'hiver signifie qu'une
bonne partie de la grossesse a eu lieu pendant que les
réserves de nourriture étaient encore riches
et abondantes: ces gens souffriront donc de moins de problèmes
de santé, ce qui, statistiquement, leur donne plus
de chances d'engendrer une nombreuse descendance. Au contraire
d'une naissance survenue entre mars et mai.
Mais cela n'explique pas que les personnes
nées en juin soient, elles, favorisées par
une famille nombreuse, alors que la majeure partie de
la grossesse a eu lieu pendant que la période de
disette de l'hiver n'était pas encore terminée.
Les auteurs n'offrent pas d'explication sur cette anomalie.
L'étude a porté sur 3290 femmes
nées au Saguenay entre 1850 et 1879. Elle est parue
dans les Proceedings of the Royal Society B.