Protéines vs. envahisseurs
(ASP) - Lorsqu'un envahisseur pénètre
notre corps, il est rapidement attaqué par notre
système immunitaire. Ainsi, nos cellules infectées
sont éliminées par des "cellules tueuses"
envoyées par ce système immunitaire. Mais
qu'est-ce qui active ces cellules tueuses, et pourrait-on
s'en servir pour éliminer des cellules
cancéreuses?
Des chercheurs du Québec et du Maryland
croient que oui, et ont exposé leurs observations
dans une édition récente de la revue britannique
Nature: des observations qui font état d'un
nouveau mécanisme par lequel sont activées
ces cellules tueuses, et que des fabricants d'un vaccin
pourraient en théorie utiliser à leur avantage.
Les cellules tueuses, ce sont les leucocytes
(lymphocytes T cytotoxiques, pour les intimes). On sait
déjà qu'elles reconnaissent les infections
plus efficacement si elles y ont déjà été
confrontées. C'est là-dessus que tablent
le Dr Michel Desjardins, de l'Université de Montréal,
et ses collaborateurs du National Institute of Health
et de la firme Caprion Pharmaceuticals: les phagosomes,
qui "présentent" aux leucocytes un fragment de
"l'ennemi" (l'agent pathogène) pourraient être
en théorie reprogrammés pour lui présenter
comme ennemi une cellule cancéreuse.
C'est une stratégie nouvelle, qui
n'a pu être rendu possible que par les derniers
développements dans l'analyse du génome
et plus particulièrement, l'analyse des protéines
produites par les gènes. C'est ce que les experts
appellent la protéomique infracellulaire, qui consiste
à identifier, avec les outils les plus récents
et les connaissances toutes nouvelles, la composition,
littéralement protéine par protéine,
de ces phagosomes, microscopiques corps organiques qui
n'avaient jusqu'ici jamais été regardés
aussi attentivement.