Rentabiliser les éoliennes
par leurs alternateurs
GASPÉ (ASP) - Pour que le marché
des éoliennes devienne un jour rentable, il faudra
peut-être regarder non pas du côté
des gigantesques pales, mais du côté d'une
pièce méconnue, l'alternateur.
Le fonctionnement d'une éolienne
est relativement simple. Le vent fait tourner les trois
pales, qui constituent le rotor. Celui-ci fait tourner
l'alternateur, qui transforme l'énergie en électricité.
Idéalement, un alternateur devrait fonctionner
de pair avec un convertisseur dont le rôle consiste
à transformer l'électricité variable
produite par l'alternateur en une électricité
constante, similaire à celle fournie par Hydro-Québec.
L'alternateur et le convertisseur sont installés
dans un boîtier, nommé la nacelle, placé
juste derrière le rotor, tout en haut de la tour
de l'éolienne. Dans le cas d'une petite éolienne,
l'énergie produite est souvent emmagasinée
dans des batteries fort utiles, puisque le vent
n'est pas toujours au rendez-vous.
Une firme de Gaspé, Éocycle
Technologies, se spécialise dans la fabrication
d'alternateurs pour petites éoliennes depuis trois
ans. Par "petites éoliennes", on parle ici d'éoliennes
d'une puissance de 5 kW. Avec cette puissance, on peut
assurer une bonne partie des besoins en électricité
d'une résidence qui n'est pas chauffée à
l'électricité.
La compagnie voit grand: " Notre objectif
est de développer des alternateurs pour être
utilisés dans les grandes éoliennes qui
ont aujourd'hui une puissance de l'ordre de 2 MW ( 2000
kW) ", défend Éric Dusablon, directeur
de la recherche et du développement. C'est ce gabarit
d'éolienne qui sera installé bientôt
dans la péninsule gaspésienne dans le cadre
de l'appel d'offres lancé par Hydro-Québec
l'an dernier.
En fait, l'originalité de l'alternateur
créé par Éocycle Technologies réside
dans l'absence de boîte d'engrenages. Celle-ci,
parce qu'elle comporte de nombreuses pièces mobiles
qui tournent dans l'huile et doivent de ce fait subir
un entretien régulier, est souvent la source des
bris qui nécessitent l'arrêt de l'éolienne.
Les pales d'une éolienne tournent
à des vitesses allant de 20 à 250 rotations
par minute (RPM), selon la puissance. Puisque les alternateurs
conventionnels doivent tourner à une vitesse beaucoup
plus élevée pour produire de l'électricité,
l'usage d'une boîte d'engrenages pour adapter la
vitesse des pales à celle de l'alternateur est
requis. Éocycle utilise plutôt de puissants
aimants qui permettent d'obtenir, dans des dimensions
réduites, un alternateur qui peut fournir, assure-t-on,
autant de puissance à faible vitesse.
Si ce type de détour permettait de
réduire la facture, le coût de revient de
l'énergie éolienne deviendrait de plus en
plus compétitif.