Aux armes, citoyens!
(Agence Science-Presse) - On se serait presque
cru aux portes du Centre Bell un soir de grand concert:
un public dont la moyenne d’âge ne devait pas
dépasser les 30 ans, une ligne d’attente qui
n’en finissait plus de s’allonger, des malheureux,
qui n’ayant pu se procurer les billets, s’étaient
mis à la recherche de revendeurs... Les changements
climatiques n’auront jamais été aussi
" tendance " !
Ce sont près de 3400 personnes qui
ont assisté hier à Montréal, à
la conférence Alerte climatique d’Hubert
Reeves et de David Suzuki, présentée
par l’organisme Équiterre. La popularité
de ces deux scientifiques, communicateurs, devenus porte-étendards
de la cause environnementale au Canada n’est évidemment
plus à faire — leur entrée en scène
a même dû être retardée d’une
quarantaine de minutes en raison de l’affluence !
Mais cet événement, qualifié par
certains de rencontre historique, allait surtout démontrer
l’intérêt renouvelé des citoyens
québécois pour les questions environnementales.
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Hubert Reeves et David Suzuki n’en sont pas
à leurs premières plaidoiries en faveur
de changements drastiques dans les habitudes de
vie des Canadiens. Depuis de nombreuses années,
ils tentent, chacun à leur façon,
de conscientiser les citoyens aux conséquences
néfastes de leur mode de vie pour la nature
et pour la Terre. Aujourd’hui, ils s’unissent
pour sonner l’alarme et encourager les compatriotes
à agir immédiatement.
" Si la nature était autrefois
généreuse, inépuisable et capricieuse,
explique M. Reeves, elle est aujourd’hui
fragile et menacée. Dans quelques décennies,
entre 30 et 40 % des espèces vivantes auront
disparu. L’espèce humaine pourrait bien
faire partie de cette sixième grande extinction ! "
Il faut donc, selon lui, préserver à
tout prix ce que l’humanité a apporté
de plus important à la vie sur Terre
: la compassion, qui ne relève plus uniquement
de la transmission des gènes et de la protection
des animaux.
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Le
site web d’Hubert Reeves
Le
programme Un
geste à la fois d’Équiterre
L’allégorie
de la grenouille
Une animation sympathique sur
l’implication citoyenne
La
Conférence
des Nations-Unies sur les changements climatiques
Le
blogue environnement de l’Agence Science-Presse
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Mais pour se sortir de cette impasse, il
faut aussi selon M. Suzuki, en revoir les causes. " L’homme
dispose de cette habileté à prévoir
le futur et les dangers. Mais alors même que nos
connaissances scientifiques augmentent, nous ne regardons
plus vers l’avant. Et voyez ce qu’il arrive
! " Il cite en exemple la surconsommation
et la surpopulation dont les répercussions se font
sentir sur l’ensemble de la planète.
Pour ces deux éminents scientifiques,
une seule avenue est possible : la responsabilisation
doit s’exprimer dans l’action. " On
ne peut plus se permettre d’être optimiste
ou pessimiste, il faut être déterminé,
insiste M. Reeves. Il faut commencer, les autres
suivront. " Et au-delà de l’action
individuelle, privilégiée également
par M. Suzuki, c’est l’implication du gouvernement
canadien en environnement qu’il importe de revoir.
Alors que les climatologues sonnaient déjà
l’alarme en 1988, puis en 1992, le Canada n’a
jamais emboîté le pas, se désole M.
Suzuki. " Ce sont de mauvaises décisions
politiques. Arrêtons de faire les imbéciles
et agissons ! Ce n’est plus une question de science
! Les Canadiens ont à cœur la nature mais
rien n’est fait du côté politique. L’environnement
doit revenir à l’ordre du jour de nos gouvernements ! "
" Nous
avons du poids en tant que citoyens ",
conclut Laure Waridel, présidente et co-fondatrice
de l’organisme Équiterre. Parmi ces actions
à privilégier : prendre part à
la campagne Un geste à la fois, soutenir
le travail des organismes qui rendent possible la tenue
d’événements rassembleurs comme cette
conférence et téléphoner au bureau
du premier ministre québécois pour exiger
que le Québec se dote d’un plan d’action
sur Kyoto... ce qu’elle fit sur-le-champ devant quelques
milliers de citoyens convaincus...
Josée Nadia Drouin
