De l'amour, de la science... et des
zestes d'humains
(ASP) - Réunissez trois chercheurs
chevronnés d'environ 50 ans et une quarantaine
de jeunes de 18 à 25 ans en quête de vérité
absolue, et obtenez un pétard mouillé. Ce
fut un peu leffet rendu à latelier
sur "Lamour : la technologie peut-elle
rattraper nos fantasmes?", qui avait lieu dans le
cadre du forum international Science et Société
au cégep de Limoilou à Charlesbourg, du
2 au 4 novembre.
"La science na rien à
voir avec lamour", affirme Michel Cabanac,
médecin qui sintéresse à la
prise de décision dans la recherche du plaisir.
Pour André Holley, neurophysiologue de lodorat,
le désir se définit par une motivation sexuelle,
un certain état du système nerveux central,
en loccurrence modulé par laction des
fameuses phéromones. Pour Josée Lafond,
directrice du département de sexologie à
lUQAM, "le fantasme fait partie de limagerie
mentale propre à chacun".
Amour, plaisir, désir, sexe, fantasme...
Autant de mots qui, selon les experts, auraient dû
être matière à des ateliers différents.
Lamour, par exemple, nest que
purement humain, et difficile à évaluer
de manière scientifique. Il y a certes des équivalences
animales, comme lattachement dun être
pour un autre, mais ces équivalences ne suffisent
pas pour les chercheurs. On peut aussi agir sur le cerveau,
par exemple pour compenser un chagrin damour, en
modulant chimiquement la substance qui agit dans notre
matière grise au moment dune dépression.
Reste tout de même que les molécules de lamour
ne sont pas lamour, précise encore une fois
Michel Cabanac.
Et la technologie dans tout ça? Sur
quoi peut-elle avoir de leffet ? Sur lamour,
rien du tout. Tout au plus peut-elle aider la recherche
scientifique en permettant d'observer les régions
cérébrales en action lors des actes sexuels.
Sur les fantasmes? Josée Lafond affirme que cest
justement la technologie qui la crée et lalimente,
via internet, et le chat, par exemple. Sur l'acte
sexuel enfin, comme en témoigne le Viagra. Mais
l'association entre désir, fantasme et acte sexuel,
le Viagra n'y peut rien.
Les inquiétudes de la jeunesse, elles,
sont d'un tout autre ordre. Sen va-t-on vers le
célibat, la polygamie? La pédophilie est-elle
explicable par un manque physiologique? Lamour est-il
porté à disparaître au profit de la
sexualité ?
Alors que les jeunes sinterrogent
sur comment mieux vivre, les scientifiques semblent porter
un grand respect pour lamour avec un grand A. De
peur de le déshumaniser?