Investir dans l'eau, mais pas à
n'importe quel prix
(ASP) - Les entreprises veulent bien s'associer
à l'État dans la gestion de leau douce...
en autant que l'État assume tous les risques.
Il faut que les États adoptent des
lois "qui aideront à clarifier le partage
des responsabilités", a résumé
Michel Camdessus, ancien dirigeant du Fonds monétaire
international, aujourd'hui chef du Panel mondial sur le
financement de linfrastructure dans le secteur de
leau, qui prenait part récemment à
la Conférence financière internationale
de Montréal, laquelle sintéressait
cette année à la capitalisation dans le
secteur de leau douce.
Dans le cas de leau douce, lurgence
est criante. Trois milliards dindividus nont
pas de véritable accès à leau
potable. Dans les pays industrialisés comme chez
ceux en développement, il se perd quotidiennement
des millions de litres deau potable à travers
des infrastructures désuètes ou carrément
fissurées. Le plan des Nations Unies adopté
par à Johannesburg en septembre, fixe pour objectif
de diminuer de moitié, d'ici 2015, le nombre dindividus
privés deau. Les besoins dinvestissements
sont évalués à 180 milliards de dollars
par année.
Le secteur de leau douce possède
donc dexcellentes raisons dattirer les investisseurs.
Mais sils sont disposés à faire leur
part, ce n'est pas à nimporte quel prix.
"Il nous faut des programmes de risques limités,
des garanties bancaires avec les gouvernements qui ont
la responsabilité de fixer les tarifs", soutient
Denise Léonard, directrice à la division
de la privatisation de la firme SFI. "Nous sommes
des entreprises à but lucratif", rappelle
Bruno Méjean, premier vice-président, Structures
financières de la firme Nord/LB. "Il faut
que lÉtat cède une partie de sa souveraineté
pour aller chercher les sommes dargent dont elle
a besoin dans le secteur privé", complète
Bill Streeter, directeur général de la financière
américaine Fitch Ratings.
Et là où de nombreuses et
coûteuses recherches sont nécessaires pour
le développement de nouvelles technologies, comme
dans le cas de la désalinité de leau,
les gouvernements sont appelés à garantir
les crédits et le bon fonctionnement de la structure
de financement avec les secteurs privés. Andrew
Kingman, chef de la direction financière de Poseidon
Resources, a placé le seuil du retour sur linvestissement
de la part des marchés de placement à 15
à 20 %.
Marchandisation de l'eau jusqu'au bout:
Olivier Orsini, de Vivendi Environnement, souhaite même
larrivée dentreprises concurrentes.
Cette concurrence aiderait à son avis à
faire apparaître, surtout en Amérique du
Nord, le véritable coût de leau douce.
" Que le service soit offert par le secteur
public ou par le secteur privé, il doit être
mené par des critères de performance. Ça
permet de faire payer à chacun un prix juste en
fonction de son utilisation ", argumente-t-il.
Denise Proulx