Comment traquer un microbe qui manque
d'appétit
(ASP) - Les tests visant à détecter
des microbes dans l'eau ne fonctionnent pas à tous
les coups. Une équipe du Centre de recherche de
lHôpital Laval, à Québec, affirme
avoir utilisé une méthode qui a détecté
un microbe furtif en quelques heures seulement, plus de
deux fois et demi plus souvent qu'avec la méthode
traditionnelle.
La méthode traditionnelle utilisée
par les microbiologistes, c'est la technique de la culture
sur milieu nutritif. Cela consiste littéralement
à mettre léchantillon d'eau en présence
dun garde-manger. Si le microbe est bel et bien
là, il va se multiplier et devenir détectable.
Ce procédé permet aussi de donner une idée
densemble de la qualité bactériologique
dune eau.
Le problème est que certains micro-organismes
pathogènes réagissent peu ou ne réagissent
pas à lopportunité quon leur
donne de se nourrir et de proliférer. En conséquence,
ils ne sont pas détectés.
Ainsi, le chercheur Steve Dutil et sa superviseure
de recherche Caroline Duchaîne, du Département
de biochimie et de microbiologie de lUniversité
Laval, soupçonnaient notamment des bactéries
à lorigine de la maladie du légionnaire,
une grave maladie du système respiratoire, de pouvoir
résider en très faible concentration dans
leau plus ou moins stagnante de certains tuyaux,
par exemple la tubulure des chaises de cabinets de dentistes.
Voilà pourquoi léquipe
de recherche a voulu tester cette autre méthode
de détection, moins courante : lhybridation
in situ en fluorescence (HISF).
Il faut se rappeler que les variétés
de microbes à lorigine de diverses maladies
peuvent être différenciées les unes
des autres en comparant, sur leurs grosses molécules
dacide ribonucléique ribosomal (ARNr), lenchaînement
de molécules plus petites. Pour savoir si un milieu
est colonisé par un certain microbe, on y cherchera
donc des segments de la molécule dARNr du
suspect.
Mais comment savoir si les segments en question
sont bien ceux que l'on recherche, soit ceux du microbe
suspect ? Par lhybridation. L'hybridation, dans
ce contexte, cest comme lenvoi, dans un échantillon
deau, dune " serrure "
biochimique du microbe, à la recherche de sa "
clef " secrète, clef qui se trouve à
l'intérieur même de la cellule du microbe,
doù le terme " in situ ".
Une imbrication parfaite des molécules produira
une fluorescence observable au microscope après
quelques manipulations.
Loin du tube digestif et de lépiderme
humains quaffectionnent plusieurs microbes
il reste quantité dautres micro-organismes
méconnus. Le recours accru à lHISF
en facilitera létude.
Pierre Croteau