Un congrès de semeurs de science
(ASP) - Les résultats décoliers
québécois à des examens de science
ont beau se comparer avantageusement à ceux de
divers pays industrialisés, lécole
québécoise nest pas moins accusée
davoir trop exclusivement visé labsorption
de contenus au lieu de lacquisition de différents
savoir-faire.
Après sa mise en vigueur ces dernières
années au cégep, une réforme de l'éducation
inspirée de lapproche par compétences
déferlera bientôt sur l'élémentaire
et le secondaire, suscitant autant demballement
dans le corps professoral
que de scepticisme et
d'inquiétudes!
Cest peut-être à cette
conjoncture particulière quil faut attribuer
linscription de plus de 520 personnes au 38e
congrès annuel de lAssociation des professeurs
de sciences du Québec (APSQ) qui avait lieu récemment
à Québec. Cétait une participation
remarquablement élevée, par rapport aux
dernières années.
À laube de cette énième
réforme scolaire, des membres de lAPSQ, lors
dateliers ou dans les amphithéâtres,
se sont donc montrés ennuyés du manque de
ressources et du nombre insuffisant dheures accordées
à lécole élémentaire
et secondaire pour réaliser les activités
nécessaires à lacquisition, par les
élèves, des compétences en science
et technologie ; soucieux aussi de la progression des
apprentissages pour un élève qui change
de région et donc de commission scolaire ; préoccupés
enfin, de l'accès à de bons livres et à
de l'équipement, du maintien de la hauteur des
exigences pour la diplômation, de la place laissée
par la réforme aux disciplines scientifiques traditionnelles,
de la formation scientifique adéquate des maîtres
à lélémentaire, de lévaluation
malaisée des performances du personnel enseignant,
etc.
Malgré leurs inquiétudes,
les profs de sciences, loin dêtre abattus,
semblaient plutôt volontaires et souriants, un peu
en récréation. Il fallait les voir sesclaffer
ou sourire avec le biologiste Cyrille Barrette, de l'Université
Laval, lors de lévocation des multiples recyclages
des visions classiques de l'évolution biologique.
Avec le chimiste Ariel Fenster, de l'Université
McGill, et ses béchers truqués, les matériaux
et les produits de notre vie quotidienne ont servi de
fondement à un inspirant et désopilant spectacle.
Les joies de la science se sont également présentées
entre autres sous les traits de lentomologiste Jeremy
McNeil, de lUniversité Laval, avec qui les
insectes cessent dêtre indistinctement de
la vermine pour souvent devenir les meilleurs amis de
lhomme.
Les trois jours du congrès de lAPSQ
auront également été une occasion
de découvrir ce foisonnement dexpériences
pédagogiques vécues dans les écoles
ou les cégeps, réalisés par de dynamiques
enseignants, ou grâce des organismes de loisir scientifique
chez les jeunes, comme la Boîte à science.
Dans le monde savant, la notoriété
est souvent associée à la recherche de pointe.
De trop tardives récompenses ont traditionnellement
échu aux profs duniversité se consacrant
autant ou davantage à la formation des étudiants
ou à la vulgarisation du savoir. Traditionnellement,
lAPSQ a organisé son rendez-vous annuel en
collaboration surtout avec les spécialistes de
facultés des sciences de léducation.
Cependant, cette année, la Faculté des sciences
et de génie de lUniversité Laval et
certains de ses jeunes professeurs ont activement mis
la main à la pâte. Peut-être le début
d'une prise de conscience qu'un prof doit également
être un semeur d'intérêt scientifique.
Pierre Croteau
Ce texte a été
mis en l igne le 13 novembre. Version modifiée
en ligne le 24 novembre.