Kyoto, et après?
(Agence Science-Presse) - Ça ne fait
pas un an que le Protocole de Kyoto est entré en
vigueur et pourtant, on prépare déjà
laprès-Kyoto. Il en sera question à
partir du 28 novembre, lors de la conférence annuelle
de lONU sur les changements climatiques, à
Montréal. Pourtant, les engagements des pays signataires
du Protocole de Kyoto ne seront, pour la plupart, pas
remplis. Alors que doit-on attendre de cette nouvelle
conférence ?
Rien que l'adhésion des États-Unis
serait déjà un grand pas en avant, est venu
dire Philippe Crabbé, professeur émérite
de lUniversité dOttawa, dans le cadre
de sa conférence Kyoto 101, présenté
dans le cadre du cycle de conférences Un degré
de plus, ça change quoi ?, au Centre des sciences
de Montréal.
Kyoto est un traité international qui vient
préciser une plus vaste entente, la CCNUCC
(Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques). Alors que cette dernière ne demandait
aux pays que des mesures volontaires, le Protocole
de Kyoto leur impose une réduction chiffrée
de leurs émissions de gaz à effet de
serre (GES). |
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en
environnement
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Par exemple, le Canada, sest " engagé "
à une réduction de 6 % d'ici 2012, par rapport
au niveau de 1990. Or, depuis 1990, les émissions
de GES ont augmenté de 25 %! Pour respecter Kyoto,
le Canada devrait donc effectuer un virage d'autant plus
considérable... qu'il na pas de politique
énergétique.
Cest dailleurs, selon M. Crabbé,
le gros problème du Canada. Le Canada exploite
les sables bitumineux, responsables, selon son évaluation,
d'environ 43 mégatonnes de gaz à effet de
serre, soit 40% de ceux émis au Canada. Il en exporte
une grande partie aux Etats-Unis dont la politique énergétique
(" Ils en ont une, eux, mais laquelle ! ")
subventionne les combustibles fossiles et ignore la conservation
des ressources.
" Il faut que le Canada détermine
ce quil veut. Une planète équitable
? Alors ceci suggère un souci de limpact
des changements climatiques sur les pays du Sud, dont
les plus pauvres vivent dagriculture, donc une politique
énergétique et environnementale intégrée ".
Selon M. Crabbé, il est effectivement
nécessaire de préparer dès maintenant
laprès 2012. Compte tenu de la lenteur de
la mise en vigueur de Kyoto (signé en 1997, il
n'a été ratifié qu'en 2005) et de
son échec avec les États-Unis, que faut-il
espérer dune autre convention ? Justement,
que " les États-Unis entrent dans le
jeu ! " explique M. Crabbé. " Je
pense quil faudra ensuite établir des obligations
différenciées tenant compte des circonstances
propres à chaque pays".
Quant au Canada, sa proximité avec
les Etats-Unis et le pôle Nord lui confèrent
une bonne influence. Pour cela, il faudrait que le Canada
se dote " dune politique qui mette laccent
sur les bénéfices à long terme et
la technologie ".
Carole Filippi