Colloque Genre et
nourriture
Sexe, bouffe et barbecue
(Agence Science-Presse) - Plus ça
change, plus c'est pareil: la
cuisine reste une affaire de femmes !
Selon une étude menée par
Marilyn Manceau, de lUniversité de Montréal,
les jeunes hommes canadiens de 18 à 24 ans, habitant
seul, ne savent toujours pas se nourrir correctement.
Au menu, un plat unique (pas dentrée et généralement
peu de dessert), rapide à préparer (voire
tout préparé), et souvent à base
de féculent : pâte, frites ou pommes
de terre (ce nest pas la même chose !), omelette
ou ufs brouillés. Pas de légumes verts,
pas de poisson.
Marilyn Manceau explique que la solitude
est ainsi le plus grand facteur de cette malnutrition.
Mais le manque despace, en particulier celui dédié
au dîner, est lui aussi responsable du manque voire
de labsence de plaisir de manger.
Mme Manceau était l'une des participantes
de la conférence Gender & Food (Genre et nourriture)
qui avait lieu au Musée McCord de McGill le 5 novembre.
Pendant trois jours, des experts se sont succédé
sur le thème général " Quest-ce
quon mange ? Le repas quotidien à
travers lhistoire "
Ainsi, Sherrie Inness, de lUniversité
de Miami, sest elle aussi penchée sur les
hommes dans la cuisine: des hommes en couple, voire père
de famille. À travers des annonces publicitaires,
des couvertures de magazines ou de photos, elle montre
que depuis plus de 80 ans, peu de choses ont changé :
quand les hommes entrent dans la cuisine, " cest
pour montrer quil peuvent faire aussi bien que les
femmes voire mieux. " Et la plupart du temps,
cest pour une occasion spéciale : " l'homme
ne prépare pas le repas de tous les jours, ce nest
pas assez extraordinaire, cest ennuyeux, ironise-t-elle.
Un barbecue, cest beaucoup plus excitant ".
Justement. Autre grande tendance immuable :
la viande est une affaire dhomme. Lhomme peut
couper la viande si la femme le lui demande, et il le
fera volontiers. Mais la question ne se pose même
pas sil sagit de faire barbecue. " L'homme
ne doit jamais perdre sa virilité, et le grill,
c'est viril. Alors pas question de laisser ça aux
femmes " explique Sherrie Innes. Cest
pourtant bien la femme qui soccupe de préparer
les légumes, le pain, les marinades et dapporter
le tout joliment autour du barbecue où Monsieur
fera virilement griller la viande (rouge en général).
Pour Sherrie Innes, ces deux comportements
sont une manière de dire " moi je
cuisine comme un homme, de la nourriture pour homme! "
C'est pour ça que les enfants sont toujours plus
excités quand papa va faire à manger...
Carole Filippi