Nouvelle profession: éco-conseiller
(ASP) - Des citoyens se plaignent de lactivité
polluante dune usine qui dure depuis trop longtemps.
Les propriétaires de lindustrie répliquent
quils viennent tout juste de dépenser des
sommes astronomiques pour diminuer cette pollution et
quil nest pas question de rouvrir le dossier.
Léco-conseiller pourrait peut-être
sauver la situation.
Un éco-conseiller, c'est un nouveau
venu: c'est celui à qui on confierait la tâche
d'intégrer les principes du développement
durable dans les décisions des gouvernements, des
entreprises et même des individus. "Il joue souvent
un rôle de médiateur afin de concilier les
dimensions économiques et sociales des projets
d'investissements" explique Claude Villeneuve, qui a modifié
les programmes de formation européens pour les
adapter au milieu nord-américain. Un tel programme
sera offert pour la première fois en Amérique
à lUniversité du Québec à
Chicoutimi, en janvier.
Mais qu'entend-on par développement
durable ? Cette notion, élaborée au cours
des années 70, tente d'établir des normes
de développement (économique, industriel,
social) plus respectueuses des personnes, des écosystèmes
et des générations futures. En d'autres
termes, on tente de favoriser une croissance qui soit
à l'avantage de la population avec un grand respect
de l'environnement, ce qui évitera aux générations
suivantes de gérer des crises découlant
de notre activité actuelle.
A quoi ça sert?
Léco-conseiller a, tout dabord,
pour fonction importante de diagnostiquer les problèmes
et de mieux faire circuler l'information afin de concilier
les intérêts parfois contradictoires d'une
industrie, d'un groupe écologique et des résidents.
Il devra gérer les programmes quil mettra
en place, mais aussi savoir les expliquer. Nicole Huybens,
psychosociologue, spécialiste en communication,
a été recrutée pour son expertise
dans ce domaine. Une des particularités du programme
québécois déco-conseil sera
aussi de favoriser le dialogue avec les nations autochtones.
Pour permettre une telle polyvalence, le
programme mise sur la diversité des étudiants:
biologistes, psychologues, travailleurs forestiers...
Prenons par exemple, explique Claude Villeneuve,
la production d'arbres sans ajout d'engrais chimiques.
Le compost pourrait remplacer avantageusement les engrais,
mais comment en produire en grande quantité ? L'éco-conseiller
serait un intervenant idéal, en implantant une
collecte sélective de résidus verts. Il
serait appelé à utiliser ses connaissances
techniques, développer une organisation, faire
des consultations publiques, expliquer lintérêt
pour la communauté et lindustrie et, au mileiu
de tout ça, devrait sûrement faire un peu
de conciliation. La communauté produirait, en définitive,
moins de déchets et serait moins confrontée
aux épandages chimiques. L'entrepreneur sylvicole
pourrait potentiellement diminuer ses coûts de production
et avoir un produit plus écologique
En Europe, où la formation se donne
depuis plusieurs années, le taux de placement des
étudiants est de plus de 90 %. Au Québec,
un premier groupe de 16 étudiants commencera sa
formation dès janvier. La recherche de stages rémunérés
a été fructueuse, ce qui laisse croire que
les entreprises ont un intérêt pour ce genre
de spécialiste.
Le nouveau programme est soutenu, entre
autres, par le Fonds daction québécois
pour le développement durable et la nation montagnaise
du Lac St-Jean.
François d'Allaire