56 élèves passent une
nuit de science
(ASP) - C’est notre crème
glacée qui est la meilleure !
- Quelle saveur avez-vous choisie ?
- Orange.
- Mais elle est verte !
- C’est parce que c'est notre couleur préférée
!
En ce vendredi soir, ils sont une quinzaine
d'équipes d’élèves de secondaire
5 à mélanger lait, crème à
10 %, sucre, saveur, colorant et de l’azote liquide
à —178 degrés. Ajouté graduellement
pendant le brassage, l’azote refroidit le mélange
et le transforme rapidement... en crème glacée
!
Nous sommes au collège St-Jean-Vianney,
dans le nord-est de l’île de Montréal.
Yannick Bergeron, prof de sciences depuis cinq ans, y
organise une nuit de science. Une activité libre
à laquelle ont participé, enthousiastes,
56 de ses 67 élèves, et pour laquelle ils
ont payé 50 $.
Payer pour faire des sciences de 17h le
vendredi jusqu’à 8h le samedi matin ? Sommes-nous
avec un groupe de bollés?
" Pas moi, dit Alexandra. Mais
quand Yannick m’a parlé de ce projet, j’ai
tout de suite dit oui. Je l’ai comme prof depuis
quatre ans et il nous propose toujours des activités
super intéressantes. J’étais sûre
d’apprendre des choses et de m’amuser ".
" J’aime un peu les sciences,
d’ajouter Émilie, mais je voulais surtout
participer à une activité bien spéciale,
un peu magique, avec toutes mes amies de la classe. "
Après avoir bien nettoyé le
labo de chimie des dernières traces de crème
glacée, on change de local pour assister au célèbre
Chimie Show du professeur Ariel Fenster, de l’Université
McGill. Son mélange d’humour et de science
suscite rires et étonnement. Entre autres, avec
son expérience du liquide qui passe plusieurs fois
de clair à opaque, et vice-versa, devant les simples
incantations du chimiste…
Les activités se suivent : conférence
sur l’astronomie accompagnée d’une séance
d’observation à l’extérieur (l’air
froid, ça fait du bien !), chasse au trésor,
démonstration d’un projet d’expo-science,
décollage de fusée, et ainsi de suite jusqu’à
la présentation du film Finding Nemo…
où notre enseignant perd quelques élèves
au profit de Morphée !
Puis, à 8 heures, après un
jus et quelques muffins, tout le monde s’en retourne
chez lui, un peu fourbu mais content, un peu plus savant
que la veille...
Une première mondiale ? " J’en
ai parlé à mes collègues, dit le
professeur Fenster, et personne n’a jamais entendu
parler d’un tel événement. L’ambiance
était extraordinaire, c’est tout un exploit
que d’avoir fait faire de la science à des
jeunes toute une nuit. "
Assisté de la professeure de religion
de l’école, Josée Lamère, et
de quelques élèves et spécialistes
de l’extérieur, Yannick Bergeron a organisé
cette activité avec la fougue et la passion qui
animent ses cours de sciences. Cet enseignant de 26 ans
est tombé dans la vulgarisation scientifique quand
il était petit: il a été animateur
d’activités au Conseil du loisir scientifique
de Montréal, formateur d’animateurs, concepteur
d’expériences pour le magazine Les Débrouillards...
" J’adore travailler avec
les jeunes. Ils sont pleins d’énergie et ça
me galvanise ! " Yannick rejette l’opinion
voulant que les jeunes trouvent les sciences plates
ou trop difficiles. " Tout dépend
de la façon de leur présenter les sciences,
dit-il. Les jeunes veulent des activités, des défis,
du travail d’équipe, alors allons les chercher
avec ça. La science est pleine de choses surprenantes
et intéressantes. Et au détour, c’est
plus facile de leur faire apprendre une formule… "
La Nuit de la science fera-t-elle des petits
? " Comptez sur moi, promet notre enseignant,
je vais propager l’idée ! ".
Carole Charlebois, directrice du CDLS (Conseil
de développement du loisir scientifique), l’organisme
qui chapeaute les expos-sciences, trouve l’idée
prometteuse. " Il faut toujours trouver de nouvelles
idées pour populariser la science auprès
des jeunes, et celle-là mérite qu’on
l’étudie. Pour donner plus d’envergure
à une Nuit de la science, ça prendra des
moyens et des partenaires. Mais avec des profs comme Yannick
Bergeron, rien n’est impossible ! "
Félix Maltais
