Le royaume des pétoncles
(ASP) - Depuis 1990, le Ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'alimentation
du Québec (MAPAQ) s'implique dans l'élevage
de pétoncles dans le but d'en faire une entreprise
rentable. Mais après 10 ans, la preuve reste encore
à faire. Les pétoncles donnent du fil à
retordre.
En tout premier lieu, les humains ont de
la concurrence dans la nature. Les étoiles de mer,
les crabes et les homards réussissent héroïquement
à s'accaparer nos précieux pétoncles.
Ainsi, à l'âge d'un an, les étoiles
de mer ont, à ce moment, les "bras" assez
solides pour ouvrir la coquille des pétoncles et
manger le muscle et les organes qui s'y trouvent.
Les biologistes doivent donc se rabattre
sur l'élevage en lieu protégé et
en eau salée: l'aquaculture. Mais ce n'est pas
plus facile: à leur naissance, lorsqu'ils sont
sous forme de larve, les pétoncles sont des organismes
microscopiques; elles se fixent à l'intérieur
d'un grand sac fait de toile fine (comme un sac d'oignons)
et entouré d'un plastique rigide appelé
"collecteur". Le tri mécanique des pétoncles
ainsi captées se fait un an plus tard, alors qu'elles
mesurent de 10 à 15 mm, explique Madeleine Nadeau,
biologiste en aquaculture aux Iles-de-la-Madeleine à
la Direction des Innovations et des Technologies du MAPAQ.
La quantité des pétoncles peut aller jusqu'à
5000 par collecteur.
Une fois les larves des pétoncles
extirpées des collecteurs, elles sont conduites
dans des lagunes, petits plans d'eau qui favorisent la
croissance. Ensuite, après six mois de ce traitement
privilégié, vient l'ensemencement dans la
mer.
Toutes ne survivent pas. Plusieurs pétoncles
juvéniles subissent les chocs du transfert de milieu,
d'une alimentation différente, du changement de
température de l'eau lorsqu'elles retournent
à la mer...
Des pétoncles mis en cage sous-marine
ont démontré une mortalité élevée,
qu'ils soient ou non en présence de prédateurs.
Les biologistes des Îles-de-la-Madeleine s'attaquent
à ce problème.
Il existe d'autres stratégies que
les collecteurs. Dans les écloseries de la Côte-Nord,
sont mélangés mâles et femelles dans
un bassin, mais le coût est exorbitant.
La biotechnologie s'intéresse elle
aussi aux pétoncles dans le but d'en tirer des
médicaments. Mais ces projets sont actuellement
sur la glace. Serait-ce parce que la valeur économique
de l'élevage de pétoncles est en baisse
ces temps-ci?
Marielle Thibault