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le 18 avril 2001


Journalisme inspiré

L'original

Cet article, un scoop de la journaliste Annie Cloutier, de l'Agence Science-Presse, est paru le 19 mars 2001 dans le quotidien La Presse.

 

Harvey’s à l’hôpital : un pontage avec ça ?

 

par Annie Cloutier
Agence Science-Presse

 

En voici un qu’on n’aurait pas cru voir associé à une alimentation saine et équilibrée : un restaurant Harvey’s a ouvert ses portes le 5 février à… l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le premier du genre à ouvrir dans un centre hospitalier québécois. Il fait partie d’un mini-complexe de restauration qui comprend également un restaurant Second Cup, un bar à salade et une sandwicherie.

 

 

N’est-il pas un peu incongru de retrouver un temple de la malbouffe dans un tel endroit ? Brigitte Santerre, directrice du complexe, n’y voit pas de problème car "  on n’y propose pas que des frites et des hamburgers, mais également des végépâtés " qui, selon elle, "  se vendent bien ". Reste à savoir si on va dans ce type de resto pour manger de la salade…

 

 

 

 

 

 

 

Pourtant, il y a la cafétéria qui dessert à la fois les visiteurs, les employés et les patients de l’Hôpital. La nourriture qu’on y sert est " certifiée Menu Mieux-Vivre  " déclare Ronald Gravel, chef du service de diététique de l’hôpital. Cela signifie qu’elle doit respecter certaines règles, notamment en ce qui concerne la quantité de sucre et de gras contenus dans les aliments. On n’utilise pas de gras hydrogénés ni d’huile de palme. Le bœuf haché doit quant à lui contenir 25 % de tofu. " Ce programme vise à améliorer et à maintenir la santé " ; services de diététique et franchises ne visent probablement pas les mêmes objectifs ! explique en substance M. Gravel.

De son côté, le directeur de l’hôpital, André Ducharme allègue que la concession à laquelle appartient le restaurant Harvey’s ne fait que remplacer un ancien casse-croûte jugé désuet. "  À cause du virage ambulatoire, il y a de plus en plus de clientèle. Nous désirons simplement offrir un plus grand choix ". Même s’il est au détriment de leur santé? Le directeur rétorque que l’on ne nuit pas à sa santé en mangeant une fois de ce type de nourriture. Et même si c’était le cas, dit-il, on ne peut pas décider pour la clientèle. "  Les gens sont responsables de ce qu’ils mangent.  " Même à l’hôpital, avec une nourriture que plusieurs études accusent d’être responsable de maladies cardiovasculaires?

Depuis l’ouverture de son " concurrent ", la cafétéria a enregistré une baisse de sa clientèle. Mais M. Gravel préfère attendre que l’effet de la nouveauté se dissipe avant de tirer des conclusions.

Étrangement, l’arrivée de ce restaurant dans le paysage hospitalier pourrait également faire le bonheur des employés de la… cafétéria. En effet, on rapporte que des employés, surtout des jeunes, se ruent vers la bannière réconfortante du fast-food au moment de la pause.

Quant à la performance de son petit dernier, Germain Lefebvre, directeur des exploitations des restaurants Harvey’s, s’en montre visiblement satisfait. Il indique que la compagnie CaraFlex, qui gère le complexe, prévoit réitérer l’expérience dans d’autres hôpitaux de la province.

 

Le doublon

Cet article, signé "T.C.", est paru le 22 mars 2001 dans l'hebdomadaire Voir.

Nos commentaires figurent en rouge.

 

Harvey's à l'hôpital!

Après la sortie de l'article dans La Presse, les bulletins télévisés ont fait leurs choux gras de cette nouvelle, le 19 mars. Aucun n'a cité La Presse ou l'Agence Science-Presse comme source. Mais aucun ne s'est non plus autant inspiré du texte original que Voir...

Le 5 février dernier, un restaurant Harvey's a ouvert ses portes... à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont!
On remarquera ici l'utilisation judicieuse du point d'exclamation, qui donne au texte de
Voir une saveur toute originale. C'est le premier resto du genre à s'installer dans un centre hospitalier au Québec. Mais pas le dernier, paraît-il.

Le resto Harvey's fait partie d'un mini-complexe de restauration qui comprend également un café Second Cup. Mini-complexe de restauration, l'expression sonne si bien, pourquoi ne pas l'emprunter? Que fait donc le fast-food, le junk tendance malbouffe, dans un temple de la santé? La direction du complexe se défend en disant que l'on vend, à côté des frites et des cheeseburgers, des végépâtés (!), et que les gens ont bien le droit de choisir... Certes.

"La direction du complexe" dont il est question ici a refusé de parler aux journalistes, après la parution de l'article de l'Agence Science-Presse. Elle n'a donc pas été rejointe par Voir. La source des propos ci-haut ne peut donc se trouver que dans l'article de l'Agence Science-Presse (voir la colonne de gauche). Source que le journaliste de Voir a, cela va sans dire, malencontreusement et tout à fait involontairement oublié de citer...

On remarquera également le sens de la concision de Voir, qui a remplacé "Reste à savoir si on va dans ce type de resto pour manger de la salade" par l'élégant "Certes".

Pourtant, l'hôpital dispose d'une cafétéria dont le menu est contrôlé et même certifié "bon pour la santé". On notera au passage que si le texte de Voir est plus court, il n'a rien sacrifié à la beauté de la structure. D'un paragraphe à l'autre, on suit à la trace le texte original, et ce jusqu'aux termes de transition, tels que ce "Pourtant" fort bien placé, ou tels que l'utilisation du terme "certifié" On se demande bien où ils vont chercher tout ça.

 

 

 

Selon la direction de l'hôpital, le Harvey's permet tout de même de répondre à une clientèle de plus en plus grande avec le virage ambulatoire. Encore cette très vague "direction de l'hôpital". Pourquoi s'embarrasser de téléphoner à quelqu'un, quand un autre média l'a déjà fait?

 

En termes clairs: Harvey's a bien une piastre à faire sur le dos de la crise des urgences...

Une petite expression crue pour se rappeler au bon souvenir des lecteurs -après tout, on est dans un hebdo alternatif ou on ne l'est pas.

 

 

 

 

 

Alors que l'on s'étonne de l'envahissement de la publicité et de l'invasion des compagnies dans les temples du savoir, un autre secteur public devient la proie du privé: la santé. Après avoir investi les hôpitaux ontariens, voilà que la compagnie CaraFlex, qui gère le complexe, prévoit réitérer l'expérience dans d'autres hôpitaux de la province, à la suite de ce projet-pilote. De quoi se rendre malade? (T. C.)

Les soulignés sont de nous. Toute ressemblance est bien entendu purement fortuite.

 

 

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