Un an et demi après le grand tremblement de terre de Sumatra, l’Indonésie a de nouveau été frappée par un tsunami. Beaucoup moins meurtrier que le tsunami du 26 décembre 2004, ce dernier désastre, qui quand même fit plusieurs centaines de victimes, illustre bien tristement, et une fois de plus, les insuffisances des systèmes de prévision et prévention des catastrophes naturelles. L’alerte aurait pu être donnée à temps. Des vies auraient pu être sauvées. Malheureusement, il n’en fut rien.

Le tremblement de terre qui a déclenché le tsunami a eu lieu 350km au sud de l’île de Java, a 15 :20 (locale) le 17juillet 2006. Si tout avait bien fonctionné, une petite demi-heure était disponible pour lancer l’alerte sur la rive sud de Java. Malheureusement, le réseau sismologique indonésien a sous-estimé la magnitude du séisme et conclu qu’il n’y avait aucun risque de tsunami. La magnitude d’abord estimée à 6.2 a par la suite été corrigée par le US Geological Survey qui l’a évaluée à 7.7. Cette différence correspond à cent fois plus d’énergie. La première ligne de défense n’a pas fonctionné et, à cause du peu de temps disponible, la catastrophe était devenue inévitable. Le tsunami a frappé la cote sud de Java à 16 :00.

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Les capteurs de pression disposés au fond de l’océan ont bien ressenti le passage de la vague, et à 18 :00, le centre de prévention des tsunamis, situé à Hawaii a émis un avertissement à l’intention des cotes australiennes qui ne seront pas touchées.

Ce triste événement illustre quand même que les moyens de prévention existent, que les instruments sont déployés, que les données sont reçues, mais que malheureusement elles ne sont pas toujours bien utilisées. Dans le cas présent, la faillite la plus grave est celle du réseau sismique indonésien qui a sous évalue la magnitude du tremblement de terre. Il faut se rappeler que la même erreur s’était produite le 26 décembre 2006 et qu’il a fallut plusieurs heures pour que soit calculée la magnitude d’un des plus grands tremblements de terre jamais enregistrés. Dans une région aussi active sismiquement et où chaque jour des dizaines de tremblements de terre se produisent, le risque de donner trop de fausses alertes est aussi grand que celui de ne pas donner l’alerte. Il est quand même étonnant que les séismologues indonésiens n’aient retenu aucune leçon du 26 décembre. On peut se demander si une telle erreur se serait produite au Japon. Bien entendu, si on pose une telle question, c’est parce qu’on en connaît la réponse : Très vraisemblablement, non. La raison n’est pas tant le manque d’équipement que le manque d’expertise en Indonésie. Les instruments sont disposés, les données sont reçues, mais il y a pas assez d’experts, pour mettre à jour les systèmes d’analyse des données et les procédures d’intervention. L’Indonésie a une puissante armée et plus de généraux que de séismologues. Mais son gouvernement reste indolent face aux véritables dangers pour un pays exposé aux tremblements de terre, éruptions volcaniques, et tsunamis. Triste constatation : cet aveuglement est partagé par bien des gouvernements de par le monde.

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