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J’enseigne dans des départements d’études littéraires à l’université depuis 1984 et, depuis 1991, je suis professeur régulier à l’UQAM. Depuis mon doctorat, je m’intéresse dans le cadre de mes recherches à des sujets comme l’utilisation des discours scientifiques dans le texte littéraire, la présence du savant et du laboratoire dans la fiction, la place accordée à la science dans le discours social. Il va de soi qu’il m’arrive d’aborder ces questions dans mes cours.

Je retrouve chez les étudiants, grosso modo, l’étonnement qu’on retrouve dans l’ensemble de la population quand les sciences surviennent dans la conversation hors propos. Une curiosité parfois, mais surtout une grande perplexité, qu’on pourrait traduire par la question suivante : qu’est-ce que les sciences viennent faire dans la culture? Formulée ainsi, l’interrogation peut sembler grossière, et pourtant je ne crois pas qu’elle soit très loin de la réalité.

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Il existe des centaines de définitions de la culture. J’en propose une, bien prosaïque : la culture, ce sont des objets, des événements, des manifestations, à propos desquels on peut s’engueuler. On peut s’engueuler sur l’interprétation d’un livre, d’une toile, d’une pièce de théâtre, dans le cadre d’un débat politique; on ne peut pas s’engueuler sur la théorie des supercordes. Et pourtant, ne pas être un spécialiste, un expert, ne devrait pas empêcher de s’intéresser de près au sens que peuvent avoir les recherches scientifiques les plus récentes, à leurs valeurs philosophique et sociale. Leur portée culturelle est telle que les disciplines scientifiques devraient logiquement intégrées les différentes manifestations de la culture, culture qui pourrait peut-être ainsi sortir du couple, de l’intime, du vécu, ce repliement insupportable dans lequel elle se vautre trop souvent aujourd’hui.

On peut se consoler – mais est-ce vraiment consolant? – en se disant que ce n’est en rien propre au Québec. J’ai passé deux semaines en Italie en septembre 2004. Dans les villes où je suis allé (Naples, Rome, Venise, Padoue), j’ai vu des places, des statues bien en vue, qui consacraient Dante. Ce n’est que justice. Sur Galilée, père de la méthode scientifique, et par ailleurs un des plus grands écrivains italiens? Presque rien. À Padoue où il a enseigné 18 ans, pas un musée, pas une place publique qui le mette en évidence. Simplement une petite rue à son nom. À Rome, où il se rendit tellement souvent et où eut lieu le procès qui le condamna bêtement, on donne l’impression de vouloir l’oublier. On ne saurait exprimer plus cruellement que la science est rejetée à la périphérie de la culture.

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