Je l'admets dans mon billet précédent, j'ai réagi un peu brutalement et rapidement à l'article de Louis-Gilles Francoeur. C'est que j'ai toujours beaucoup de difficulté avec les théories du complot et les héros solitaires; la science, en général, se construit en communauté.

Or, une bonne histoire journalistique a souvent la forme de David contre Goliath; ici, on découvre quelques patenteux isolés avec une découverte révolutionnaire qui est boudée par la grande industrie. Cette histoire, de plus, était imbriquée dans une atmosphère de mystère et couplée à un certain nombre de données physiquement impossibles. C'est ce qui m'a fait tiquer.

Malgré tout, suite à des échanges avec l'auteur et à la lecture du texte de Pierre Langlois (voir mon blogue précédent), je suis retourné faire quelques lectures et vérifications.

Tout d'abord, je dois retirer ce que j'ai écrit à propos de l'ajout d'eau dans le diesel. En effet, comme le dit Pierre Langlois, il s'avère que de 10 à 20 pour cent d'eau permet de diminuer considérablement les émissions d'oxydes d'azote (NOx) tout en augmentant légèrement l'efficacité des moteurs de 10 à 15 %. Il semble que la vaporisation de l'eau, durant la combustion, diminue la température de combustion, améliorant celle-ci tout en diminuant la fabrication de composés toxiques, menant à des économies de carburant. Les raffineurs, tels que BP, sortent donc des carburants contenant une certaine fraction d'eau émulsifiée, c'est-à-dire sous forme de gouttelettes enveloppées dans un genre de savon qui empêche l'eau de se séparer des huiles. Contrairement à ce que j'ai écrit plus haut, le système Gillier-Pantone ne fait pas que terminer la combustion de gaz d'échappement mal brûlés, il aurait possiblement l'avantage d'ajouter de l'eau vaporisée grâce à l'utilisation de la chaleur des gaz d'échappement. Puisque l'eau a une grande capacité calorifique et qu'elle coûte cher à chauffer, la vaporisation avant l'explosion permettrait d'économiser encore un peu plus de carburant.

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Face à ces gains apparents, il est facile de crier à la conspiration : les grands manufacturiers bloquent le progrès. Pourtant, l'efficacité des moteurs s'est améliorée de plus de 50 % depuis une vingtaine d'années, sans compter les voitures hybrides. Malheureusement, et c'est là le vrai scandale, ces gains n'ont pas mené à des économies d'énergie, les acheteurs (et les manufacturiers!) préférant des voitures plus grosses et plus lourdes, avec des pneus plus larges, qui annulent les gains d'efficacité.

En conclusion, je suis certes allé un peu trop vite en critiquant certaines des technologies présentées par Louis-Gilles Francoeur. Toutefois, je maintiens le reste de mon billet: le mélange de données non physiques et de données réelles moussant la technologie, la présentation du résultat comme un mystère insondable, l'isolement de l'inventeur et la conspiration de la grande industrie sont les signes standard d'un canular (alors que, comme le dit Pierre Langlois, il y a déjà des carburants avec 10 à 20 % d'eau sur le marché et que certains dispositifs sont déjà installés sur des poids lourds, ce qui signifie que des chercheurs « officiels » s'intéressent à la question).

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