J’ai participé, du 11 au 13 avril derniers, à un atelier de dialogue sur la contribution des citoyens à l’élaboration du plan québécois de lutte contre la pandémie d’influenza. J’y ai été invité, en tant que citoyen, avec 15 autres personnes, par le groupe de recherche en Bioéthique de l’Université de Montréal (GREB). Le directeur, Monsieur Hubert Doucet, avec l’assistance de quatre étudiants en recherche, a organisé la présentation de cinq courtes conférences, données par différents experts, suite auxquelles nous avons été invités à nous exprimer et poser nos questions.

- Marianne Dion-Labrie, candidate au doctorat en sciences biomédicales à l’UdeM et Hugues Charest, biologiste moléculaire du Laboratoire de santé publique de l’institut national de santé publique du Québec, nous ont présenté le virus de l’influenza et le concept de pandémie.

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- Marc Nolin est venu nous parler du processus de décision et communication dans le plan d’urgence prévu par le gouvernement.

- Thérèse Leroux, du Centre de recherche en droit public du Québec, nous a parlé des pouvoirs de l’État et libertés des citoyens en période normale et en période de pandémie.

- Ghyslaine Sénécal nous a présenté les mesures d'urgence pour l’organisation des soins et services dans la région de Montréal.

- Catherine Olivier a présenté le rôle de la génomique dans l’identification des souches virales et de l’anticipation de la sensibilité des populations au virus.

Cette activité était modérée par Françoise Guérette, animatrice et journaliste.

Quelques notions qui nous ont été présentées

Les virus sont aussi vieux que le monde, ils représentent une vaste famille qui compte une diversité de l'ordre de 10 exposant 31. Ils infectent tous les types d’organismes connus. Ils contiennent entre 1 et 1200 gènes et mesurent entre 10 et 400 nanomètres. Leur matériel génétique est fait soit d’ADN ou d’ARN.

Le virus de l’influenza est un virus à ARN. Il possède deux types de structures à sa surface. L’une qui lui permet de s’accrocher à la membrane de nos cellules, l'Hémaglutinine (H) et l’autre étant une enzyme, la Neuraminidase (N), qui lui permet de pénétrer les membranes pour atteindre le noyau. D’où le HxNx qui qualifie les souches selon 16 types H et 9 types N, qui forment les 144 souches possibles d’influenza. La combinaison H5N1 est actuellement la seule souche qui inquiète les scientifiques.

Les pandémies d’influenza ont été importantes par le passé. Il y en aurait en moyenne trois par siècle et celle de 1918-19 aurait causé la mort de 20 à 40 millions de personnes. Cette épidémie mondiale aurait été causée par un virus H1N1 contre lequel tout humain est aujourd'hui naturellement immunisé. Il y a eu une pandémie aussi en 1957-58 et 1968-69. Ces sauts de virulence des souches d’influenza seraient dus au processus de cassures génétiques où 8 segments de génomes seraient particulièrement impliqués. De 2003 à 2008, 373 personnes ont été infectées de la nouvelle souche H5N1 dont 63% en sont décédés. Cependant, Hugues Charest a souligné que ce nombre est surévalué par le fait que des victimes ayant contracté la souche n’ont probablement jamais été comptées et se sont guéries d'elles-mêmes.

Ce qui est dramatique dans ces pandémies est le fait que ce sont, semble-t-il, les gens les plus en santé qui en sont le plus victime. La population active! La grippe espagnole de 1918 a tué majoritairement des hommes âgés de 20 à 45 ans. Un citoyen a soulevé le fait qu’une majorité de soldats revenant de la première Grande Guerre en seraient morts et auraient faussé ces statistiques. Néanmoins, les scientifiques, ce weekend, semblaient unanimes pour dire que ces souches affectent plus spécifiquement les membres actifs de nos sociétés (ceux qui ont un bon système immunitaire). Prétendant ainsi que l'influenza causait la mort suite à une hyper réaction de type auto-immunitaire.

Quoi de neuf concernant le virus de l’Influenza?

Le virus H5N1 qui sévit actuellement de l’Asie jusqu’en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique affecte strictement les individus qui travaillent avec des volailles infectées. Au cours des derniers mois, malgré sa dissémination, cette souche est restée génétiquement stable sans augmenter sa faible capacité d’infecter les humains. Nous n’avons pour l’instant rien à craindre de cette souche H5N1 au Québec.

La charge de virus que les travailleurs « absorbent » semble être un facteur qui explique sa transmission à l’être humain. Lorsque nous sommes malades, nous ne produisons que peu de virus, nous a confirmé le spécialiste Hugues Charest. Actuellement, un seul cas serait décédé suite à des contacts entre humains, par un père qui l'aurait transmis à son fils. Mais, ce virus fait craindre le pire.

Un facteur nécessaire pour créer une pandémie exige que le virus acquière une capacité de transmission d’humains à humains. L’experte, Catherine Olivier, expliquait qu'il doit y avoir cassure génétique, c'est-à-dire transfert de gros morceaux de gènes entre les souches H5N1 (très pathogènes) et notre grippe normale humaine hautement transmissible, afin que soit créé un nouveau virus pathogène et contagieux.

Ne mélangeons pas les poules et les cochons!

Ces cassures génétiques peuvent avoir lieu de manière naturelle dans le système respiratoire des mammifères comme le porc par exemple. Il faut que les deux virus soient là en même temps, dans la même cellule, afin que leurs matériels génétiques (ARN) se mélangent.

Dans la pathogénie de toute grippe (même une grippe d’homme), l’ARN viral se rend dans le noyau de la cellule infectée pour se répliquer, en réquisitionnant les équipements de la cellule hôte. C’est durant ces réplications par les deux souches de virus simultanément que des bouts cassés de gènes peuvent s’échanger. Les gènes responsables de la contagion entre humains de nos « banales grippes » peuvent dans ces conditions se mélanger à ceux qui sont responsables de la virulence de la souche H5N1. Et, ainsi, produire une nouvelle souche très pathogène. C’est la seule manière par laquelle cette pandémie risque d’apparaitre.

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