La crise entourant les cas de contamination à la listériose aura mis en évidence les limites de l'autorégulation des entreprises pour la protection du public. Alors qu'une crise semblable avait, il y a une dizaine d'années, amené les États-Unis à se donner des normes et des moyens de surveillance très stricts et efficaces, le gouvernement Harper envisageait, jusqu'à tout récemment, de réduire encore plus le rôle des inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et s'en remettre aux tests et rapports produits par les entreprises.

Un gouvernement a pour mission de veiller à l'intérêt commun. Confier entièrement cette responsabilité à des entreprises dont la finalité est d'abord et avant tout le profit de leurs actionnaires serait une abdication dont les événements récents permettent d'envisager les graves conséquences. Lors du déclenchement de la crise actuelle, selon le Globe and Mail, non seulement le gouvernement n'en était plus au stade de simples projets de délégation de responsabilités, mais certaines mesures en place depuis mars dernier avaient déjà eu pour effet de réduire le nombre d'inspections sur le terrain... y compris chez Maple Leaf dont le seul inspecteur s'était vu confiné au travail de bureau sur des rapports d'inspection produits par la compagnie. Le tout en conformité avec l'idéologie conservatrice opposée en principe à toute intrusion gouvernementale dans l'activité économique.

Il faut espérer que les électeurs s'interrogent, à l'occasion de la présente campagne électorale, sur les motivations de ces politiciens qui se présentent pour détruire ce qu'ils ont pour devoir de gérer.

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