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Le poisson à des secrets à nous livrer. Une carence alimentaire en omega-3, un acide gras présent surtout dans le poisson, a été associée à plusieurs maladies dont la dépression. Une récente étude vient de découvrir un mécanisme par lequel les omega-3 agissent sur les cellules du cerveau pour les aider à communiquer.

Quand on pense à la malnutrition, on imagine des gens chétifs qui meurent de faim. Pourtant, la malnutrition est aussi un fléau des pays développés qui touche les gens ayant une mauvaise alimentation. Un régime alimentaire composé en grande partie de fast-food, contient une nourriture trop riche en sucre et en gras mais faible en nutriments essentiels. Une telle diète contient aussi un taux trop élevé d’oméga-6, qu’on retrouve par exemple dans l’huile végétale, et un taux trop faible en oméga-3, qu’on trouve entre autres dans les poissons d’eau froide qui ne garnissent plus nos tables. Depuis l’aube de l’industrialisation jusqu’à nos jours, le ratio oméga-6/oméga-3 est passé de 1 à 15. Le cerveau est unique pour sa grande concentration en acides gras et est donc susceptible d’être sensible à ce ratio.

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Les chercheurs Lafourcade, Larrieu et Mato de l’université de Bordeaux, ont analysé les conséquences d’une telle alimentation sur le fonctionnement des neurones et sur le comportement des souris nourries toute leur vie d’une moulée faible en omega-3. Contrairement aux souris qui profitaient d’une bonne diète, les souris ayant une carence en oméga-3 montrèrent des comportements anxieux. Elles faisaient moins de comportements sociaux et exploratoires et grattaient frénétiquement leur litière. Après un traitement aux antidépresseurs, leurs comportements redevenaient normaux.

Parmi les régions du cerveau qui peuvent être associées à ces comportements anxieux, on compte le cortex préfrontal et le noyau accumbens qui jouent un rôle dans la gestion des émotions et dans la motivation. Les scientifiques ont cherché à comprendre comment les oméga-3 pouvaient affecter les neurones de ces deux régions. Ils ont trouvé que les oméga-3 intéragissent avec les endocannabinoïdes. Les endocannabinoïdes sont des molécules qui s’apparentent à la substance active du cannabis responsable de l’état euphorique qu’une personne ressent après avoir fumé du pot. Elles sont produites par les neurones de notre cerveau pour contrôler notre humeur. Une interaction entre oméga-3 et endocannabinoïde pourrait donc causer des troubles de l’humeur comme la dépression.

Une des fonctions des endocannabinoïdes est d’enclencher des mécanismes qui modifient la structure des neurones. Ces changements, qu’on dit plastiques, s’effectuent au niveau des connexions entre les neurones. C’est là que se fait le transfert des messages d’un neurone à un autre. Si on illustrait ce transfert d’information comme du bouche-à-oreille, les changements plastiques s’apparenteraient à faire pousser un plus grand nombre d’oreilles pour améliorer l’écoute. La carence en oméga-3 modifie la concentration d’endocannabinoïdes autour des connexions neuronales. Ce déséquilibre réduit leurs changements plastiques. N’ayant plus autant d’oreilles pour écouter, les neurones responsables de la gestion des émotions et de la motivation reçoivent donc moins bien les informations et ne s’activent plus adéquatement.

Comme quoi l’impact d’une alimentation équilibrée sur notre santé mentale n’est pas négligeable. Gardons nos rouages bien huilés à l'huile de poisson!

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