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Au Québec, quand même Jean-François Lisée parle de zombies, c’est qu’il est temps d’y ajouter une petite contribution des journalistes scientifiques.

Plusieurs ont bien ri de cette initiative, l’an dernier, du très sérieux Centre de contrôle des maladies (le CDC américain), d’utiliser une épidémie de zombies comme métaphore de l’état de préparation de la société à un scénario-catastrophe.

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Mais l’idée s’est retournée contre le CDC puisque, comme l’écrit Jean-François Lisée, « il se trouve toujours des gens à la marge qui croient n’importe quoi ».

Le problème, oublie-t-il de nous dire, c’est que parmi ces gens, il y a aussi des journalistes.

Fin-mai, l’actualité offrant coup sur coup deux histoires de cannibalisme —dont une à Montréal, au cas où on l’aurait déjà oublié— la rumeur publique ramène du coup les zombies sur la table et Google ramène à la surface l’avis de 2011 du CDC. Dont le porte-parole répond à une requête d’un journaliste du Huffington Post, Andy Campbell : non, « le CDC ne connaît aucun virus qui réanimerait les morts (ou qui présenterait des symptômes de type zombiesque) ».

Le 1er juin, le Huffington Post intitule le texte « Zombie Apocalypse : le CDC nie l’existence de zombies, en dépit des incidents de cannibalisme ».

Comme l’écrit le journaliste scientifique Carl Zimmer : c’est sans doute l’usage le plus subtil, de toute l’histoire du journalisme, de l’expression « en dépit de ».

Un autre média en ligne, The Daily Caller, renchérit le même jour en y ajoutant une référence à un type de virus qui existe bel et bien : il s’infiltre dans le cerveau afin de modifier le comportement de son hôte. Brrr...

Le problème c’est que chez les hôtes en question —insectes, poissons et rats, par exemple— « modifier le comportement » veut dire que ce parasite le rend moins craintif face à ses prédateurs. Ainsi du rat, qui se fait manger par le chat, ce qui permet au virus de poursuivre sa route. Nul cas de cannibalisme dans ces comportements modifiés. Chez aucune bestiole.

Chez l’humain, il existe un tel parasite, eh oui, appelé Toxoplasma gondii . On le connaît depuis 1908 et il a été établi qu’il pouvait effectivement avoir un impact sur les comportements : des choses telles qu’un temps de réaction plus lent chez les hommes, ou des dépressions pré-natales. Des recherches récentes suggèrent même un lien avec certains cas de schizophrénie.

Mais suggérer un lien entre schizophrénie et cannibalisme serait déjà, à sa face même, ridicule, ajouter Toxoplasma dans la suggestion le serait encore plus, lorsqu'on apprend que les médecins estiment que Toxoplasma réside chez un humain sur sept, peut-être un sur quatre —soit plus d’un milliard de personnes. Et ce parasite partage probablement nos vies depuis des milliers d’années.

Ces menues subtilités ont manifestement échappé au Daily Caller qui, le 4 juin, passe à l’attaque avec le titre : « Le CDC garde le silence sur les parasites responsables de zombies qui vivent dans les cerveaux humains ».

Le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a récemment nié connaître « un virus ou une maladie qui réanimerait les morts (ou qui présenterait des symptômes de type zombiesque) », après qu’une série de cas de cannibalisme à travers le pays eurent été rapportés, mais reste silencieux sur les effets de parasites responsables de zombies qui vivent dans les cerveaux humains.

On nous apprend aussi dans l’article, sans raison particulière, que les Français présentent une plus grande prévalence du Toxoplasma.

L’enquête du Daily Caller auprès du CDC sur la raison pour laquelle il avait omis les parasites dans ses dénégations, et sur la possibilité de cannibales ayant été infectés par le Toxoplasma, a toutefois été accueillie par le silence.

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