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On connaît sans doute l’effet placebo. C’est quand un médicament qui n’a aucun effet pharmacologique dans la pathologie qu’il est censé traiter peut donner des effets positifs sur la santé des patients. Mais peut-être l’effet nocebo, son alter égo néfaste, est un peu moins connu : croire que l'on est malade peut suffire à développer les symptômes d'une maladie. Et selon des études, “ces craintes aux effets potentiellement terribles sont contagieuses”.

“Nous savons depuis longtemps que les craintes d'une maladie peuvent être aussi dangereuses qu’un virus. De la même manière que les chamans pourraient nuire à leurs victimes en leur faisant penser qu’elles sont malades. Des symptômes réels d'une maladie : vomissements, étourdissements, maux de tête, et même la mort, pourraient être déclenchés par la foi seule”, lit-on sur le site de la BBC dans un article consacré à “l’effet nocebo".

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Ce constat est partagé par le Pr Jean-François Bergmann, chef du service de médecine interne de l'hôpital Lariboisière, cité par le site Allodocteurs.fr : "L'effet nocebo peut produire une vraie maladie. […] J'ai moi-même organisé une étude sur la fatigue qui serait provoquée par les antibiotiques, alors que c'est la pathologie à l'origine de la prescription qui en est responsable”.

“Il est maintenant clair que ces convictions, dangereuses, peuvent facilement se partager par le commérage et les ouï-dire." Selon l’article de la BBC, dont le résumé a été publié par le Courrier International , cela expliquerait pourquoi "certaines maisons semblent avoir reçu un mauvais sort en lien avec une maladie, et pourquoi certaines personnes vivant près d’éoliennes déclarent connaître des problèmes récurrents de vertiges, d’insomnie ou de vomissements". Par la voie de la rumeur, une "contagion des esprits" peut rapidement s'installer. Et parfois, le fait de voir un autre patient souffrir est suffisant pour avoir le ressenti d’un “vrai” traitement, "ce qui suggère que l’effet nocebo peut passer d’une personne à une autre simplement par l’observation", relate une des études citées par la BBC. "Plus effrayant encore, vous pourriez même ne pas avoir conscience de ces pensées et néanmoins être affecté ; l’effet nocebo peut apparemment être déclenché par des signaux subliminaux."

Que faire pour préserver l'efficacité d'un médicament et minimiser la part du nocebo, alors que la recherche ne peut pas encore “totalement l’expliquer” ? Pour le Dr Dimos Mitsikostas, de l’Athens Naval Hospital, la connaissance pourrait priver l’effet nocebo de ses pouvoirs. "C’est une peur intérieure que nous devons essayer de combattre".

Il s’agit là d’un "dilemme majeur pour la médecine moderne". "Les médecins ont le devoir d’être honnêtes sur les effets secondaires des médicaments, mais l'idée que l’information elle-même pourrait rendre un patient encore plus malade est un concept flou", note Rebecca Wells, de la Wake Forest Baptist Medical Center, en Caroline du Nord. "Les médecins devront peut-être développer de nouvelles procédures pour décider quels éléments ils pourront révéler et comment ils présenteront ces informations."

Tuê DANG

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