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Je dis souvent qu’on ne devrait plus prononcer le mot cerveau tout seul, mais toujours de parler du « corps-cerveau ». Car on le sait maintenant hors de tout doute, un cerveau qui perçoit une situation stressante va causer, si la situation persiste, bien du tort au corps qui le porte. Et inversement un cerveau plein d’espoir va en quelque sorte s’auto-tromper au point où le corps qui le porte va aller mieux. On appelle ça l’effet placebo.

De même, juste dans l’actualité neuroscientifique des dernières semaines, on trouve par exemple le communiqué d’une étude intitulé « Heavy Drinking in Teens Causes Lasting Changes in Emotional Center of Brain ». On y explique que les beuveries adolescentes peuvent amener des modifications épigénétiques qui vont altérer l’expression d’un gène produisant une protéine essentielle à la formation de synapses dans l’amygdale cérébrale. Ces anomalies de câblage pouvant plus tard augmenter les risques de divers problèmes psychologiques, incluant bien sûr la dépendance à l’alcool.

La relation corps-cerveau va donc dans les deux sens : intoxiquer le corps va aussi perturber le cerveau. Et faire du bien au corps va aussi faire du bien au cerveau comme le démontre cette autre étude récente rapportée ici sous le titre : « Les bienfaits de l’« hormone de l’exercice » contre la démence démontrés ». Il s’agit cette fois d’une hormone, l’irisine, qui lorsque libérée par les muscles pendant l’exercice physique, ralentirait la progression de l’Alzheimer. Et encore ici ce serait nos synapses qui seraient protégées par l’irisine.

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Voilà pourquoi j’ai accepté avec plaisir l’invitation d’aller parler de tout ça à la 10e édition de la semaine de la citoyenneté du cégep du Vieux-Montréal qui a pour thème cette année « Le corps sous toutes ses coutures ». Ma présentation, qui s’intitulera donc simplement « Corps-cerveau » aura lieu lundi prochain le 1er avril à 15h30 au local A4.82a.

J’attire aussi votre attention sur la conférence sur l’hypnose de Mathieu Landry qui aura lieu dans le même local vendredi le 29 mars à 11h. Mathieu avait donné, en compagnie de Michel Landry le printemps dernier, quatre séances sur ce sujet fascinant à l’UPop Montréal.

D’ici lundi, j’espère pouvoir finir d’écouter le podcast de Brain Science de novembre dernier qui portait sur le livre The Neuroscience of Emotion, de Ralph Adolphs et David J. Anderson. Car s’il y a un domaine où corps et cerveau sont intrinsèquement liés, c’est bien celui des émotions ! De William James à Antonio Damasio en passant par Jaak Panksepp, les nombreuses théories des émotions passées en revue dans ce livre font toujours une place importante à certaines régions cérébrales qui « monitorent » en permanence les états corporels, comme l’insula et certaines régions du tronc cérébral.

Adophs et Anderson en profitent aussi pour déconstruire quelques mythes liés aux émotions et au cerveau en général, dont la très tenace idée qu’il pourrait y avoir des « centres » reliés à des « émotions primaires ». Or il n’existe pas d’évidences dans les deux cas. De nombreuses structures corticales et sous-corticales participent à la moindre émotion qui sont en plus grandement influencées par la culture, ce qui rend la palette des sentiments humains si complexe.

Et si j’ai le temps, je m’attaquerai enfin à cet article publié dans Trends in Cognitive Sciences en novembre dernier par Anil K. Seth et Manos Tsakiris et intitulé « Being a Beast Machine: The Somatic Basis of Selfhood ». Extrait de l’abstract :

« Recently, predictive processing accounts of interoception (perception of the body ‘from within’) have become influential in accounting for experiences of body ownership and emotion. Here, we describe embodied selfhood in terms of ‘instrumental interoceptive inference’ that emphasises allostatic regulation and physiological integrity. We apply this approach to the distinctive phenomenology of embodied selfhood, accounting for its non-object-like character and subjective stability over time. »

Ça n’a pas l’air facile, mais ça promet, c’est le moins qu’on puisse dire ! Mais après tout, on est dans le blogue du Cerveau à TOUS les niveaux, alors faut en donner un peu pour les personnes plus avancées.

Oups, pardon, Le Corps-cerveau à tous les niveaux ! ;-)

Je donne